Poésie Victor Hugo

Les contemplations

Le jour mourait ; j'étais près des mers, sur la grève. Je tenais par la main ma fille, enfant qui rêve, Jeune esprit qui se tait ! La terre, s'inclinant comme un vaisseau qui sombre, En tournant dans l'espace allait plongeant dans l'ombre ; La pâle nuit montait.

J'avais douze ans ; elle en avait bien seize. Elle était grande, et, moi, j'étais petit. Pour lui parler le soir plus à mon aise, Moi, j'attendais que sa mère sortît ; Puis je venais m'asseoir près de sa chaise Pour lui parler le soir plus à mon aise.

Je rêvais dans un grand cimetière désert ; De mon âme et des morts j'écoutais le concert, Parmi les fleurs de l'herbe et les croix de la tombe. Dieu veut que ce qui naît sorte de ce qui tombe. Et l'ombre m'emplissait.

Il est dans l'atrium, le beau rouet d'ivoire. La roue agile est blanche, et la quenouille est noire ; La quenouille est d'ébène incrusté de lapis. Il est dans l'atrium sur un riche tapis.

Le poète s'en va dans les champs ; il admire, Il adore ; il écoute en lui-même une lyre ; Et le voyant venir, les fleurs, toutes les fleurs, Celles qui des rubis font pâlir les couleurs, Celles qui des paons même éclipseraient les queues,

Le poème éploré se lamente ; le drame Souffre, et par vingt acteurs répand à flots son âme ; Et la foule accoudée un moment s'attendrie, Puis reprend : «Bah ! l'auteur est un homme d'esprit, Qui, sur de faux héros lançant de faux tonnerres, Rit de nous voir pleurer leurs maux imaginaires. Ma femme,…

Un pauvre homme passait dans le givre et le vent. Je cognai sur ma vitre ; il s'arrêta devant Ma porte, que j'ouvris d'une façon civile. Les ânes revenaient du marché de la ville, Portant les paysans accroupis sur leurs bâts.

Le firmament est plein de la vaste clarté ; Tout est joie, innocence, espoir, bonheur, bonté. Le beau lac brille au fond du vallon qui le mure ; Le champ sera fécond, la vigne sera mûre ; Tout regorge de sève et de vie et de bruit,

Le soir, à la campagne, on sort, on se promène, Le pauvre dans son champ, le riche en son domaine ; Moi, je vais devant moi ; le poète en tout lieu Se sent chez lui, sentant qu'il est partout chez Dieu. Je vais volontiers seul. Je médite ou j'écoute. Pourtant, si quelqu'un veut m'accompagner…

Réalisation : www.redigeons.com - https://www.webmarketing-seo.fr/