Les châtiments Livre VI

Ô grande nation, vous avez à cette heure,
Tandis qu’en bas dans l’ombre on souffre, on râle, on pleure,
Un empire qui fait sonner ses étriers,
Les éblouissements des panaches guerriers,
Une cour où pourrait trôner le roi de Thune,
Une Bourse où l’on peut faire en huit jours fortune,
Des rosières jetant aux soldats leurs bouquets ;
Vous avez des abbés, des juges, des laquais,
Dansant sur des sacs d’or une danse macabre,
La banque à deux genoux qui harangue le sabre,
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Je m’étais endormi la nuit près de la grève.
Un vent frais m’éveilla, je sortis de mon rêve,
J’ouvris les yeux, je vis l’étoile du matin.
Elle resplendissait au fond du ciel lointain
Dans une blancheur molle, infinie et charmante.
Aquilon s’enfuyait emportant la tourmente.
L’astre éclatant changeait la nuée en duvet.
C’était une clarté qui pensait, qui vivait ;
Elle apaisait l’écueil où la vague déferle ;
On croyait voir une âme à travers une perle.
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Au retour des beaux jours, dans ce vert floréal
Où meurent les Danton trahis par les Réal,
Quand l’étable s’agite au fond des métairies,
Quand l’eau vive au soleil se change en pierreries,
Quand la grisette assise, une aiguille à la main,
Soupire, et de côté regardant le chemin,
Voudrait aller cueillir des fleurs au lieu de coudre,
Quand les nids font l’amour, quand le pommier se poudre
Pour le printemps ainsi qu’un marquis pour le bal,
Quand, par mai réveillés, Charles-douze, Annibal,
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I

Retournons à l’école, ô mon vieux Juvénal.
Homme d’ivoire et d’or, descends du tribunal
Où depuis deux mille ans tes vers superbes tonnent.
Il paraît, vois-tu bien, ces choses nous étonnent,
Mais c’est la vérité selon monsieur Riancey,
Que lorsqu’un peu de temps sur le sang a passé,
Après un an ou deux, c’est une découverte,
Quoi qu’en disent les morts avec leur bouche verte,
Le meurtre n’est plus meurtre et le vol n’est plus vol.

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On dit : – soyez prudents.
– Puis vient ce dithyrambe :
« – … Qui veut frapper Néron
Rampe, et ne se fait pas précéder d’un ïambe
Soufflant dans un clairon.
Souviens-toi d’Ettenheim et des pièges célèbres ;
Attends le jour marqué.
Sois comme Chéréas qui vient dans les ténèbres,
Seul, muet et masqué.La prudence conduit au but qui sait la suivre.
Marche d’ombre vêtu… »

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« Amis et Frères ! en présence de ce gouvernement infâme, négation de
toute morale, obstacle à tout progrès social, en présence de ce
gouvernement meurtrier du peuple et violateur des lois, de ce
gouvernement né de la force, et qui doit périr par la force, de ce
gouvernement élevé par le crime et qui doit être terrassé par le droit,
le Français digne du nom de citoyen ne sait pas, ne veut pas savoir
s’il y a quelque part des semblants de scrutin, des comédies de
suffrage universel et des parodies d’appel à la nation ; il ne
s’informe pas s’il y a des hommes qui votent et des hommes qui font
voter, s’il y a un troupeau qu’on appelle le Sénat et qui délibère et
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Apportez vos chaudrons, sorcières de Shakespeare
Sorcières de Macbeth, prenez-moi tout l’empire,
L’ancien et le nouveau ; sur le même réchaud
Mettez le gros Berger et le comte Frochot,
Maupas avec Réal, Hullin sur Espinasse,
La Saint-Napoléon avec la Saint-Ignace,
Fould et Maret, Fouché gâté, Troplong pourri,
Retirez Austerlitz, ajoutez Satory,
Penchez-vous, crins épars, œil ardent, gorge nue,
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Il te ressemble ; il est terrible et pacifique.
Il est sous l’infini le niveau magnifique ;
Il a le mouvement, il a l’immensité.
Apaisé d’un rayon et d’un souffle agité,
Tantôt c’est l’harmonie et tantôt le cri rauque.
Les monstres sont à l’aise en sa profondeur glauque ;
La trombe y germe ; il a des gouffres inconnus
D’où ceux qui l’ont bravé ne sont pas revenus ;
Sur son énormité le colosse chavire ;
Comme toi le despote, il brise le navire ;
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Quand tout se fait petit, femmes, vous restez grandes.
En vain, aux murs sanglants accrochant des guirlandes,
Ils ont ouvert le bal et la danse ; ô nos sœurs,
Devant ces scélérats transformés en valseurs,
Vous haussez, – châtiment ! – vos charmantes épaules.
Votre divin sourire extermine ces drôles.
En vain leur frac brodé scintille, en vain, brigands,
Pour vous plaire ils ont mis à leurs griffes des gants,
Et de leur vil tricorne ils ont doré les ganses,
Vous bafouez ces gants, ces fracs, ces élégances,
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Réveillez-vous, assez de honte !
Bravez boulets et biscayens.
Il est temps qu’enfin le flot monte,
Assez de honte, citoyens !
Troussez les manches de la blouse ;
Les hommes de quatre-vingt-douze
Affrontaient vingt rois combattants.
Brisez vos fers, forcez vos geôles !
Quoi ! vous avez peur de ces drôles
Vos pères bravaient les Titans !
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