Poésie Joachim Du Bellay

Recueils de poèmes

Les Regrets

Magny, je ne puis voir un prodigue d’honneur,
Qui trouve tout bien fait, qui de tout s’émerveille,
Qui mes fautes approuve et me flatte l’oreille,
Comme si j’étais prince ou quelque grand seigneur.

Mais je me fâche aussi d’un fâcheux repreneur,
Qui du bon et mauvais fait censure pareille,
Qui se lit volontiers, et semble qu’il sommeille
En lisant les chansons de quelque autre sonneur.

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Ne t’émerveille point que chacun il méprise,
Qu’il dédaigne un chacun, qu’il n’estime que soi,
Qu’aux ouvrages d’autrui il veuille donner loi,
Et comme un Aristarq’ lui-même s’autorise.

Paschal, c’est un pédant’: et quoiqu’il se déguise,
Sera toujours pédant’. Un pédant’ et un roi
Ne te semblent-ils pas avoir je ne sais quoi
De semblable, et que l’un à l’autre symbolise?
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Tu ne crains la fureur de ma plume animée,
Pensant que je n’ai rien à dire contre toi,
Sinon ce que ta rage a vomi contre moi,
Grinçant comme un mâtin la dent envenimée.

Tu crois que je n’en sais que par la renommée,
Et que quand j’aurai dit que tu n’as point de foi,
Que tu es affronteur, que tu es traître au roi,
Que j’aurai contre toi ma force consommée,
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Nature est aux bâtards volontiers favorable,
Et souvent les bâtards sont les plus généreux,
Pour être au jeu d’amour l’homme plus vigoureux,
D’autant que le plaisir lui est plus agréable.

Le dompteur de Méduse, Hercule l’indomptable,
Le vainqueur indien et les Jumeaux heureux,
Et tous ces dieux bâtards jadis si valeureux,
Ce problème, Bizet, font plus que véritable.
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Quel est celui qui veut faire croire de soi
Qu’il est fidèle ami, mais quand le temps se change,
Du côté des plus forts soudainement se range,
Et du coté de ceux qui ont le mieux de quoi?

Quel est celui qui dit qu’il gouverne le roi?
J’entends quand il se voit en un pays étrange,
Et bien loin de la cour: quel homme est-ce, Lestrange?
Lestrange, entre nous deux, je te pry, dis-le-moi.
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Ce rusé Calabrais tout vice, quel qu’il soit,
Chatouille à son ami, sans épargner personne,
Et faisant rire ceux que même il époinçonne,
Se joue autour du coeur de cil qui le reçoit.

Si donc quelque subtil en mes vers aperçoit
Que je morde en riant, pourtant nul ne me donne
Le nom de feint ami vers ceux que j’aiguillonne:
Car qui m’estime tel, lourdement se déçoit.
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Qui est ami du coeur est ami de la bourse,
Ce dira quelque honnête et hardi demandeur,
Qui de l’argent d’autrui libéral dépendeur
Lui-même à l’hôpital s’en va toute la course.

Mais songe là-dessus qu’il n’est si vive source
Qu’on ne puisse épuiser, ni si riche prêteur
Qui ne puisse à la fin devenir emprunteur,
Ayant affaire à gens qui n’ont point de ressource.
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Seigneur, ne pensez pas d’ouïr chanter ici
Les louanges du roi, ni la gloire de Guise,
Ni celle que se sont les Châtillons acquise,
Ni ce temple sacré au grand Montmorency.

N’y penser voir encor le sévère sourcil
De Madame Sagesse, ou la brave entreprise
Qui au ciel, aux démons, aux étoiles s’est prise,
La fortune, la mort, et la justice aussi,
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Tu ne me vois jamais, Pierre, que tu ne die
Que j’étudie trop, que je fasse l’amour,
Et que d’avoir toujours ces livres à l’entour
Rend les yeux éblouis et la tête alourdie.

Mais tu ne l’entends pas: car cette maladie
Ne me vient du trop lire ou du trop long séjour,
Ains de voir le bureau, qui se tient chacun jour:
C’est, Pierre mon ami, le livre où j’étudie.
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Nous ne faisons la cour aux filles de Mémoire,
Comme vous qui vivez libres de passion:
Si vous ne savez donc notre occupation,
Ces dix vers en suivant vous la feront notoire:

Suivre son cardinal au Pape, au Consistoire,
En Capelle, en Visite, en Congrégation,
Et pour l’honneur d’un prince ou d’une nation
De quelque ambassadeur accompagner la gloire:

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