Poésie Joachim Du Bellay

Recueils de poèmes

Les Regrets

Encore que l’on eût heureusement compris
Et la doctrine grecque et la romaine ensemble,
Si est-ce, Gohory, qu’ici, comme il me semble,
On peut apprendre encor, tant soit-on bien appris.

Non pour trouver ici de plus doctes écrits
Que ceux que le français soigneusement assemble,
Mais pour l’air plus subtil, qui doucement nous emble
Ce qui est plus terrestre et lourd en nos esprits.

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Cc brave qui se croit, leur un jaque de maille,
Etre un second Roland, ce dissimulateur,
Qui superbe aux amis, aux ennemis flatteur,
Contrefait l’habile homme et ne dit rien qui vaille,

Belleau, ne le crois pas: et quoiqu’il se travaille
De se feindre hardi d’un visage menteur,
N’ajoute point de foi à son parler vanteur,
Car oncq homme vaillant je n’ai vu de sa taille.

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Si Pirithois ne fût aux enfers descendu,
L’amitié de Thésée serait ensevelie,
Et Nise par sa mort n’eût la sienne ennoblie,
S’il n’eût vu sur le champ Euryale étendu:

De Pylade le nom ne serait entendu
Sans la fureur d’Oreste, et la foi de Pythie
Ne fût par tant d’écrits en lumière sortie,
Si Damon ne se fût en sa place rendu:

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Pourquoi me grondes-tu, vieux mâtin affamé,
Comme si Du Bellay n’avait point de défense?
Pourquoi m’offenses-tu, qui ne t’ai fait offense,
Sinon de t’avoir trop quelquefois estimé?

Qui t’a, chien envieux, sur moi tant animé,
Sur moi, qui suis absent? crois-tu que ma vengeance
Ne puisse bien d’ici darder jusques en France
Un trait, plus que le tien, de rage envenimé?

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Flatter un créditeur, pour son terme allonger,
Courtiser un banquier, donner bonne espérance,
Ne suivre en son parler la liberté de France,
Et pour répondre un mot, un quart d’heure y songer:

Ne gâter sa santé par trop boire et manger,
Ne faire sans propos une folle dépense,
Ne dire à tous venants tout cela que l’on pense,
Et d’un maigre discours gouverner l’étranger:

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D’où vient cela, Mauny, que tant plus on s’efforce
D’échapper hors d’ici, plus le démon du lieu
(Et que serait-ce donc, si ce n’est quelque dieu?)
Nous y tient attachés par une douce force?

Serait-ce point d’amour cette alléchante amorce,
Ou quelque autre venin, dont après avoir beu
Nous sentons nos esprits nous laisser peu à peu,
Comme un corps qui se perd sous une neuve écorce?

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Marcher d’un grave pas et d’un grave sourcil,
Et d’un grave sourire à chacun faire fête,
Balancer tous ses mots, répondre de la tête,
Avec un Messer non, ou bien un Messer si:

Entremêler souvent un petit Et cosi,
Et d’un son Servitor’ contrefaire l’honnête,
Et, comme si l’on eût sa part en la conquête,
Discourir sur Florence, et sur Naples aussi:

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Qui choisira pour moi la racine d’Ulysse?
Et qui me gardera de tomber au danger
Qu’une Circe en pourceau ne me puisse changer,
Pour être à tout jamais fait esclave du vice?

Qui m’étreindra le doigt de l’anneau de Mélisse,
Pour me désenchanter comme un autre Roger?
Et quel Mercure encor me fera déloger,
Pour ne perdre mon temps en l’amoureux service?

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L’Olive

L’heureuse branche à Pallas consacrée,
Branche de paix, porte le nom de celle
Qui le sens m’oste, et soubz grand’ beauté cele
La cruaulté, qui à Mars tant agrée.

Delaisse donq’ ô cruelle obstinée!
Ce tant doulx nom, ou bien te monstre telle,
Qu’ainsi qu’en tout sembles estre immortelle,
Sembles le nom avoir par destinée.

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C’etoit la nuyt que la Divinité
Du plus hault ciel en terre se rendit
Quand dessus moy Amour son arc tendit
Et me fist serf de sa grand’ deité.

Ny le sainct lieu de telle cruaulté,
Ny le tens mesme assez me deffendit:
Le coup au coeur par les yeux descendit
Trop ententifz à ceste grand’ beauté.

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