Poésie Joachim Du Bellay

Recueils de poèmes

Les Regrets

Que ferai-je, Morel? Dis-moi, si tu l’entends,
Ferai-je encore ici plus longue demeurance,
Ou si j’irai revoir les campagnes de France,
Quand les neiges fondront au soleil du printemps?

Si je demeure ici, hélas, je perds mon temps
A me repaître en vain d’une longue espérance:
Et si je veux ailleurs fonder mon assurance,
Je fraude mon labeur du loyer que j’attends.
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Je me ferai savant en la philosophie,
En la mathématique et médecine aussi:
Je me ferai légiste, et d’un plus haut souci
Apprendrai les secrets de la théologie:

Du luth et du pinceau j’ébatterai ma vie,
De l’escrime et du bal. Je discourais ainsi,
Et me vantais en moi d’apprendre tout ceci,
Quand je changeai la France au séjour d’Italie.
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Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme celui-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d’usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge!

Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m’est une province, et beaucoup davantage?
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Sous un ciel inconnu, et quiconques endure
D’aller de port en port cherchant son aventure,
Et peut vivre étranger dessous un autre jour:

Qui peut mettre en oubli de ses parents l’amour,
L’amour de sa maîtresse, et l’amour que nature
Nous fait porter au lieu de notre nourriture,
Et voyage toujours sans penser au retour:
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Qui ne sort jamais hors, sinon aux jours de fête,
Et craignant plus le jour qu’une sauvage bête,
Se fait en sa maison lui-même prisonnier.

Mais je ne puis aimer un vieillard voyager,
Qui court deçà delà, et jamais ne s’arrête,
Ains des pieds moins léger que léger de la tête,
Ne séjourne jamais non plus qu’un messager.
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Tu me dis, mon La Haye, il m’en souvient encore:
Souvienne-toi, Bellay, de ce que tu es ore,
Et comme tu t’en vas, retourne-t’en ainsi.Et tel comme je vins, je m’en retourne aussi:
Hormis un repentir qui le coeur me dévore,
Qui me ride le front, qui mon chef décolore,
Et qui me fait plus bas enfoncer le sourcil.
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Ce n’est l’ambition, ni le soin d’acquérir,
Qui m’a fait délaisser ma rive paternelle,
Pour voir ces monts couverts d’une neige éternelle,
Et par mille dangers ma fortune quérir.Le vrai honneur, qui n’est coutumier de périr,
Et la vraye vertu, qui seule est immortelle,
Ont comblé mes désirs d’une abondance telle,
Qu’un plus grand bien aux dieux je ne veut requérir.
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Si celui qui s’apprête à faire un long voyage
Doit croire celui-là qui a jà voyagé,
Et qui des flots marins longuement outragé,
Tout moite et dégouttant s’est sauvé du naufrage,

Tu me croiras, Ronsard, bien que tu sois plus sage,
Et quelque peu encor (ce crois-je) plus âgé,
Puisque j’ai devant toi en cette mer nagé,
Et que déjà ma nef découvre le rivage.
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L’Olive

Loyre fameux, qui ta petite source
Enfles de maintz gros fleuves et ruysseaux,
Et qui de loing coules tes cleres eaux
En l’Ocean d’une assez vive course:

Ton chef royal hardiment bien hault pousse
Et apparoy entre tous les plus beaux
Comme un thaureau sur les menuz troupeaux
Quoy que le Pau envieux s’en courrousse.

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Je hais du Florentin l’usurière avarice,
Je hais du fol Siennois le sens mal arrêté,
Je hais du Genevois la rare vérité,
Et du Vénitien la trop caute malice:

Je hais le Ferrarais pour je ne sais quel vice,
Je hais tous les Lombards pour l’infidélité,
Le fier Napolitain pour sa grand’ vanité,
Et le poltron romain pour son peu d’exercice:
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