Poésie Joachim Du Bellay

Recueils de poèmes

Les Regrets

Je vois, Dilliers, je vois seréner la tempête,
Je vois le vieux Protée son troupeau renfermer,
Je vois le vert Triton s’égayer sur la mer,
Et vois l’astre jumeau flamboyer sur ma tête:

Jà le vent favorable à mon retour s’apprête,
Jà vers le front du port je commence à ramer,
Et vois jà tant d’amis que ne les puis nommer,
Tendant les bras vers moi, sur le bord faire fête.

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Ce n’est pas de mon gré, Carle, que ma navire
Erre en la mer tyrrhène: un vent impétueux
La chasse malgré moi par ces flots tortueux,
Ne voyant plus le pol, qui sa faveur t’inspire.

Je ne vois que rochers, et si rien se peut dire
Pire que des rochers le heurt audacieux:
Et le phare jadis favorable à mes yeux
De mon cours égaré sa lanterne retire.

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Ici de mille fards la traïson se déguise,
Ici mille forfaits pullulent à foison,
Ici ne se punit l’homicide ou poison,
Et la richesse ici par usure est acquise:

Ici les grands maisons viennent de bâtardise,
Ici ne se croit rien sans humaine raison,
Ici la volupté est toujours de saison,
Et d’autant plus y plaît que moins elle est permise.

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Tu sois la bienvenue, ô bienheureuse trêve!
Trêve que le chrétien ne peut assez chanter,
Puisque seule tu as la vertu d’enchanter
De nos travaux passés la souvenance grève.

Tu dois durer cinq ans:
et que l’envie en crève:

Car si le ciel bénin te permet enfanter
Ce qu’on attend de toi, tu te pourras vanter
D’avoir fait une paix qui ne sera si brève.

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Dedans le ventre obscur, où jadis fut enclos
Tout cela qui depuis a rempli ce grand vide,
L’air, la terre, et le feu, et l’élément liquide,
Et tout cela qu’Atlas soutient dessus son dos,

Les semences du Tout étaient encore en gros,
Le chaud avec le sec, le froid avec l’humide,
Et l’accord, qui depuis leur imposa la bride,
N’avait encore ouvert la porte du chaos:

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Le roi (disent ici ces bannis de Florence)
Du sceptre d’Italie est frustré désormais,
Et son heureuse main cet heur n’aura jamais
De reprendre aux cheveux la fortune de France.

Le Pape mal content n’aura plus de fiance
En tous ces beaux desseins trop légèrement faits,
Et l’exemple siennois rendra par cette paix
Suspecte aux étrangers la française alliance.

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Nous ne sommes fâchés que la trêve se fasse:
Car bien que nous soyons de la France bien loin,
Si est chacun de nous à soi-même témoin
Combien la France doit de la guerre être lasse.

Mais nous sommes fâchés que l’espagnole audace,
Qui plus que le Français de repos a besoin,
Se vante avoir la guerre et la paix en son poing,
Et que de respirer nous lui donnons espace.

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Cependant qu’au palais de procès tu devises,
D’avocats, procureurs, présidents, conseillers,
D’ordonnances, d’arrêts, de nouveaux officiers,
De juges corrompus, et de telles surprises:

Nous devisons ici de quelques villes prises,
De nouvelles de banque, et de nouveaux courriers,
De nouveaux cardinaux, de mules, d’estafiers,
De chapes, de rochers, de masses et valises:

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L’Olive

Le fort sommeil, que celeste on doibt croyre,
Plus doulx que miel, couloit aux yeulx lassez,
Lors que d’amour les plaisirs amassez
Entrent en moy par la porte d’ivoyre.

J’avoy’ lié ce col de marbre: voyre
Ce sein d’albastre, en mes bras enlassez
Non moins qu’on void les ormes embrassez
Du sep lascif, au fecond bord de Loyre.

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Pié, que Thétis pour sien eust avoué,
Pié, qui au bout monstres cinq pierres telles,
Que l’Orient seroit enrichi d’elles,
Cil Orient en perles tant loué.Pié albastrin, sur qui est appuyé
Le beau sejour des graces immortelles,
Qui feut baty sur deux coulonnes belles
De marbre blanc, poly, et essuyé.

Si l’oeil n’a plus de me nourir esmoy,
Si ses thesors la bouche ne m’octroye,

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