Poésie Joachim Du Bellay

Recueils de poèmes

Les Regrets

Ne pense pas, Bouju, que les nymphes latines
Pour couvrir leur traïson d’une humble privauté,
Ni pour masquer leur teint d’une fausse beauté,
Me fassent oublier nos nymphes angevines.

L’angevine douceur, les paroles divines,
L’habit qui ne tient rien de l’impudicité,
La grâce, la jeunesse et la simplicité
Me dégoûtent, Bouju, de ces vieilles Alcines.

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Se fâcher tout le jour d’une fâcheuse chasse,
Voir un brave taureau se faire un large tour.
Etonné de se voir tant d’hommes alentour,
Et cinquante piquiers affronter son audace:

Le voir en s’élançant venir la tête basse,
Fuir et retourner d’un plus brave retour,
Puis le voir à la en pris fin quelque détour,
Percé de mille coups, ensanglanter la place:

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Quand je vois ces messieurs, desquels l’autorité
Se voit ores ici commander en son rang,
D’un front audacieux cheminer flanc à flanc,
Il me semble de voir quelque divinité.

Mais les voyant pâlir lorsque Sa Sainteté
Crache dans un bassin, et d’un visage blanc
Cautement épier s’il y a point de sang,
Puis d’un petit souris feindre une sûreté:

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Heureux celui qui peut longtemps suivre la guerre
Sans mort, ou sans blessure, ou sans longue prison!
Heureux qui longuement vit hors de sa maison
Sans dépendre son bien ou sans vendre sa terre!

Heureux qui peut en cour quelque faveur acquerre
Sans crainte de l’envie ou de quelque traïson!
Heureux qui peut longtemps sans danger de poison
Jouir d’un chapeau rouge ou des clefs de saint Pierre!

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Gordes, il m’est avis que je suis éveillé,
Comme un qui tout ému d’un effroyable songe
Se réveille en sursaut et par le lit s’allonge,
S’émerveillant d’avoir si longtemps sommeillé.

Roger devint ainsi (ce crois-je) émerveillé:
Et crois que tout ainsi la vergogne me ronge,
Comme lui, quand il eut découvert le mensonge
Du fard magicien qui l’avait aveuglé.

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O beaux cheveux d’argent mignonnement retors!
O front crêpe et serein! et vous, face dorée!
O beaux yeux de cristal! O grand bouche honorée,
Qui d’un large repli retrousses tes deux bords!

O belles dents d’ébène! O précieux trésors,
Qui faites d’un seul ris toute âme enamourée!
O gorge damasquine en cent plis figurée!
Et vous, beaux grands tétins, dignes d’un si beau corps!

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Il fait bon voir, Magny, ces couillons magnifiques,
Leur superbe arsenal, leurs vaisseaux, leur abord,
Leur Saint-Marc, leur Palais, leur Realte, leur port,
Leurs changes, leurs profits, leur banque et leurs trafiques:

Il fait bon voir le bec de leurs chapprons antiques,
Leurs robes à grand manche et leurs bonnets sans bord,
Leur parler tout grossier, leur gravité, leur port,
Et leurs sages avis aux affaires publiques.

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Vineus, je ne vis onc si plaisante province.
Hôtes si gracieux, ni peuple si humain,
Que ton petit Urbin, digne que sous sa main
Le tienne un si gentil et si vertueux prince.

Quant à l’état du Pape, il fallut que j’apprinse
A prendre en patience et la soif et la faim:
C’est pitié, comme là le peuple est inhumain
Comme tout y est cher, et comme l’on y pinse.

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Morel, dont le savoir sur tout autre je prise,
Si quelqu’un de ceux-là que le prince lorrain
Guida dernièrement au rivage romain,
Soit en bien, soit en mal, de Rome te devise:

Dis qu’il ne sait que c’est du siège de l’Eglise,
N’y ayant éprouvé que la guerre et la faim,
Que Rome n’est plus Rome, et que celui en vain
Présume d’en juger qui bien ne l’a comprise.

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Et je pensais aussi ce que pensait Ulysse,
Qu’il n’était rien plus doux que voir encore un jour
Fumer sa cheminée, et après long séjour
Se retrouver au sein de sa terre nourrice.

Je me réjouissais d’être échappé au vice,
Aux Circés d’Italie, aux sirènes d’amour,
Et d’avoir rapporté en France à mon retour
L’honneur que l’on s’acquiert d’un fidèle service.

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