Poésie Jean Moréas

Les cantilènes Livre 4

Elle entendit geindre un corbeau pelé,
La vieille femme de Berkeley.
Elle l’ entendit geindre sur sa tête,
Dans le val de Nith, pendant la tempête.
Et la vieille dit : ” je vais mourir,
Le moine mon fils, qu’ on l’ aille quérir ;

Qu’ on aille quérir ma fille la nonne.
Je vais mourir, et Dieu me pardonne ! ”
Son fils et sa fille nuitamment
Vinrent, amenant le saint sacrement.

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La jeune femme chante, au balcon assise,
Et sa triste chanson pleure dans la bise.
La jeune femme chante et tous les bateaux
Carguent leur voilure et baissent leurs drapeaux.
Un vaisseau de guerre, une grande galère,

Garde ses drapeaux et sa voilure entière.
” Baisse, mon vaisseau, baisse ton pavillon,
Car ce que je chante est bien triste chanson :

Il me fallait du lait de guivre, et la graisse
Du grand cerf nourri par la main de l’ ogresse,

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L’ eau du bain perle encore en ses cheveux de jais.
Elle a mis pour sourcils le plumage des geais.
Elle a mis dans ses yeux le jaspe et l’ hyacinthe.
D’ argent tissé, de soie et d’ or sa taille est ceinte.

Des roses du rosier elle a plein ses deux mains.
Elle revient du bain à l’ ombre des jasmins.
Quatre tours de sequins ornent sa gorge altière.
Elle revient du bain portée en sa litière.

“O ma sœur, vous avez les yeux d’ une houri.
N’ être pas votre frère, être votre mari !

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Dans la salle de sa maison,
De sa maison aux cent fenêtres,
Avec ses pareils et ses maîtres
Il partage la venaison :
Parmi les fleurs des champs en gerbes
Ce sont des sangliers entiers,
Des chevreuils roux et des quartiers
De cerfs aux ramures superbes.

Les eunuques silencieux
Versent les liqueurs parfumées

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Sur un cheval tout noir à la crinière rousse,
Il galope sur la mousse.
En toque de velours avec des plumes blanches
Il passe sous les branches.
Au galop ! Au galop ! Il passe sous les branches
Avec ses plumes blanches.

Au trot ! Au trot ! Au trot ! Et son grand lévrier
Saute près de l’ étrier.
Il va pour épouser la fille de la reine,
La reine sa marraine.

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A la fraîche fontaine,
Sous le grand peuplier,
A la fraîche fontaine
S’ arrête un cavalier.
Son noir cheval est blanc
D’ écume et de poussière,
Il est blanc de la queue
Jusques à la crinière

A la fraîche fontaine,
Sous le grand peuplier,

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C’est la belle aux yeux,
C’est la belle aux yeux de mûre,
C’est la belle aux yeux de mûre ;
La belle aux cheveux,
La belle aux cheveux de mûre,
Aux cheveux soyeux.

Elle porte les habits,
Les habits dorés du klephte,
Les habits dorés du klephte ;
Elle porte le fusil,

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Toc, toc, toc toc, -il cloue à coups pressés ;
Toc, toc, -le menuisier des trépassés.
” Bon menuisier, bon menuisier,
Dans le sapin, dans le noyer,
Taille un cercueil très grand, très lourd,
Pour que j’ y couche mon amour. ”

Toc, toc, toc toc, -il cloue à coups pressés,
Toc, toc, -le menuisier des trépassés.
” Qu’ il soit tendu de satin blanc
Comme ses dents, comme ses dents ;

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Les cantilènes Livre 2

Les rumeurs des hommes et des choses
Comme un flot expiré se sont tues.
Tes beaux desseins que tu prostitues,
O mon cœur, compte-les, si tu l’ oses.
Des détritus de bouquets de roses

Parfument les brises abattues.
Compte tes fiertés condescendues,
Et tes vains essors aux ailes closes.

Mais le doux ciel d’ une nuit d’ été

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Dans le splendide écrin de sa bouche écarlate
De ses trente-deux dents l’ émail luisant éclate.
Ses cheveux, pour lesquels une abbesse l’ aima
Jadis très follement, calamistrés en boucles,
Tombent jusqu’ à ses yeux-féeriques escarboucles-
Et ses cils recourbés semblent peints de çurma.

Sa main de noir gantée à la hanche campée,
Avec sa toque à plume, avec sa longue épée,
Il passe sous les hauts balcons indolemment.
Son pourpoint est de soie, et ses poignards superbes

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