Poésie Jean Moréas

Les cantilènes Livre 2

Elle mire au miroir son visage où neigea
La poudre odorante et que relève une mouche.
On jurerait, vraiment, que le tuteur se mouche,
A côté, d’ illicite façon. Mais déjà
Le cavalier de fer de l’ antique horloge a
Clamé le quart de cinq de sa stridente bouche.

Le griffon noir, que la camériste frisa
D’ un art sûr, tout en taquinant une babouche,
Attend, sur le fauteuil ample en velours d’ Utrecht.
Le corsage, à ramage. A traîne et zinzoline,

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Incarnate et dodue et narguant les chloroses,
Avec ta bouche rutilante et ton maintien
Impudique, et ton front que le remords chrétien
Ne saurait assombrir de hantises moroses ;
Avec tes seins petits et tes hanches décloses,
Et tes cheveux tordus, tu représentes bien
Ce conventionnel amour, que l’ art païen
Mais le nôtre-para de rubans et de roses.

Or, je rêve d’ un temple aux doriques piliers
Où grimpent les volubilis parmi les mauves ;

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Le soleil brille et brûle
Dans un ciel indigo.
L’ Arno coule très jaune
Sous le Ponte-Vecchio.
A Fiesole, aux Cascines,

Viale dei colli,
Les marquises exquises,
Oeil noir et teint pâli,

Adressent des sourires
Et des signes savants

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Aux galets le flot se brise
Sous la lune blanche et grise,
O la triste cantilène
Que la bise dans la plaine !
Elfes couronnés de jonc,
Viendrez-vous danser en rond ?

Hou ! Hou ! Le héron ricane
Pour faire peur à la cane.
Trap ! Trap ! Le sorcier galope
Sur le bouc et la varlope.

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Le gaz pleure dans la brume,
Le gaz pleure, tel un oeil.
Ah ! Prenons, prenons le deuil
De tout cela que nous eûmes.
L’ averse bat le bitume,

Telle la lame l’ écueil.
Et l’ on lève le cercueil
De tout cela que nous fûmes.
O n’ allons pas, pauvre sœur,
Comme un enfant qui s’ entête,

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Alme fleur, fleur d’ éden, hanebane d’ enfe.
Ta bouche, et tes seins lourds que d’ or tissé tu brides !
Nous allions par les bois pleins de monstres hybrides,
Toi de pourpre vêtue et moi bardé de fer.
Sous mon épée alors plus prompte que l’ éclair,

Crânes fendus, les dos troués, les yeux stupides,
Tombaient les nains félons et les géants cupides.
Et les citoles des jongleurs sonnaient dans l’ air.

Docile au joug, qu’ il eût fallu que j’ abolisse,
J’ ai trop longtemps humé la saveur du calice,

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La lune se leva bizarrement cornue
Parmi les tulipiers au bout de l’ avenue,
Ce soir. ô la villa proprette et ses blancs murs,
Et son balcon de bois chargé de raisins mûrs.

O la brise d’ été qu’ embaumaient les ramures
En fleurs, qu’ embaumaient les pins et la haie aux mûres
L’air de violon qui s’ est plaint soudain : connu,
Air connu, très doux et comme ressouvenu.

Le vin que nous buvions sentait la peau de l’ outre.
Je vous pris les deux mains, mais vous passâtes outre,

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Voilà pourtant le but inepte des choses.
Les fins parfums de la jupe qui froufroute
Le long du trottoir blanc comme la grand’ route,
Les lourds parfums de la lourde chevelure,
Nattes au dos, torsades sur l’ encolure.
La pénitence après le péché, sans doute
L’ orgueil et l’ avarice et l’ envie, et toute

La babiole ; et l’ amour de la nature,
Et même la lune à travers la verdure ;
Et même la lune et même l’ espoir, cette

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Les cantilènes Livre 1

Et j’ irai le long de la mer éternelle
Qui bave et gémit en les roches concaves,
En tordant sa queue en les roches concaves ;
J’ irai tout le long de la mer éternelle.
Je viendrai déposer, ô mer maternelle,
Parmi les varechs et parmi les épaves,
Mes rêves et mon orgueil, mornes épaves,
Pour que tu les berces, ô mer maternelle.
Et j’ écouterai les cris des alcyons
Dans les cieux plombés et noirs comme un remords,
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Par la douce pitié qui s’ attendrit au pli,
Pourtant dur, de ta lèvre, inaccessible amante,
Saurais-tu donc effacer la marque infamante
Que la vie imprima sur mon front assoupli !
Sois, au moins, la main qui berce, et lorsque a faibli
Mon orgueil, et ce pendant que geint la tourmente,
Abrite-moi comme d’ une magique mante,
Des ténèbres de ta chevelure d’ oubli ;
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