Les Regrets

Qu’heureux tu es, Baïf, heureux, et plus qu’heureux,
De ne suivre abusé cette aveugle déesse,
Qui d’un tour inconstant et nous hausse et nous baisse,
Mais cet aveugle enfant qui nous fait amoureux!

Tu n’éprouves, Baïf, d’un maître rigoureux
Le sévère sourcil: mais la douce rudesse
D’une belle, courtoise et gentille maîtresse,
Qui fait languir ton coeur doucement langoureux.
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Si tu veux vivre en cour, Dilliers, souvienne-toi
De t’accoster toujours des mignons de ton maître,
Si tu n’es favori, faire semblant de l’être,
Et de t’accommoder aux passe-temps du roi.
Souvienne-toi encor de ne prêter ta foi
Au parler d’un chacun: mais surtout sois adextre,
Dextre A t’aider de la gauche autant que de la dextre,
Et par les moeurs d’autrui à tes moeurs donne loi.
N’avance rien du tien, Dilliers, que ton service,
Ne montre que tu sois trop ennemi du vice,

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Si tu ne sais, Morel, ce que je fais ici,
Je ne fais pas l’amour ni autre tel ouvrage:
Je courtise mon maître, et si fais davantage,
Ayant de sa maison le principal souci.

Mon Dieu (ce diras-tu), quel miracle est-ce ci,
Que de voir Du Bellay se mêler du ménage
Et composer des vers en un autre langage?
Les loups et les agneaux s’accordent tout ainsi.
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Si l’importunité d’un créditeur me fâche,
Les vers m’ôtent l’ennui du fâcheux créditeur:
Et si je suis fâché d’un fâcheux serviteur,
Dessus les vers, Boucher, soudain je me défâche.

Si quelqu’un dessus moi sa colère délâche,
Sur les vers je vomis le venin de mon coeur:
Et si mon faible esprit est recru du labeur,
Les vers font que plus frais je retourne à ma tâche.
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Celui qui d’amitié a violé la loi,
Cherchant de son ami la mort et vitupère:
Celui qui en procès a ruiné son frère,
Ou le bien d’un mineur a converti à soi:
Celui qui a trahi sa patrie et son roi,
Celui qui comme Oedipe a fait mourir son père,
Celui qui comme Oreste a fait mourir sa mère,
Celui qui a nié son baptême et sa foi:

Marseille, il ne faut point que pour la pénitence
D’une si malheureuse abominable offense,

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Bizet, j’aimerais mieux faire un boeuf d’un fourmi,
Ou faire d’une mouche un indique éléphant,
Que, le bonheur d’autrui par mes vers étouffant,
Me faire d’un chacun le public ennemi.
Souvent pour un bon mot on perd un bon ami,
Et tel par ses bons mots croit (tant il est enfant)
S’être mis sur la tête un chapeau triomphant,
A qui mieux eût valu être bien endormi.
La louange, Bizet, est facile à chacun,
Mais la satire n’est un ouvrage commun:
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Devaulx, la mer reçoit tous les fleuves du monde,
Et n’en augmente point: semblable à la grand mer
Est ce Paris sans pair, où l’on voit abîmer
Tout ce qui là-dedans de toutes parts abonde.
Paris est en savoir une Grèce féconde,
Une Rome en grandeur Paris on peut nommer,
Une Asie en richesse on le peut estimer,
En rares nouveautés une Afrique seconde.
Bref, en voyant, Devaulx, cette grande cité,
Mon oeil, qui paravent était exercité

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Scève, je me trouvai comme le fils d’Anchise
Entrant dans l’Elysée et sortant des enfers,
Quand après tant de monts de neige tous couverts
Je vis ce beau Lyon, Lyon que tant je prise.
Son étroite longueur, que la Saône divise,
Nourrit mille artisans et peuples tous divers:

Et n’en déplaise à Londre, à Venise et Anvers,
Car Lyon n’est pas moindre en fait de marchandise.

Je m’étonnai d’y avoir passer tant de courriers,
D’y voir tant de banquiers, d’imprimeurs, d’armuriers,

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Je les ai vus, Bizet, et si bien m’en souvient,
J’ai vu dessus leur front la repentance peinte,
Comme on voit ces esprits qui là-bas font leur plainte,
Ayant passé le lac d’où plus on ne revient.
Un croire de léger les fols y entretient
Sous un prétexte faux de liberté contrainte:

Les coupables fuitifs y demeurent par crainte,
Les plus fins et rusés honte les y retient.

Au demeurant, Bizet, l’avarice et l’envie,
Et tout cela qui plus tourmente notre vie,

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Ores, plus que jamais, me plaît d’aimer la Muse
Soit qu’en français j’ecrive ou langage romain,
Puisque le jugement d’un prince tant humain
De si grande faveur envers les lettres usé.

Donc le sacré métier où ton esprit s’amuse
Ne sera désormais un exercice vain,
Et le tardif labeur que nous promet ta main
Désormais pour Francus n’aura plus nulle excuse.
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