soleils et des milliers de soleils autour du plus grand de tous :
Notre père qui êtes aux cieux !
Tous ces mondes qui reçoivent et donnent la lumière, sont
peuplés d’esprits plus ou moins forts, plus ou moins forts, plus
ou moins grands ; mais tous croient en Dieu, tous mettent en lui
leur espérance : Que votre nom soit sanctifié !
C’est lui ! c’est l’Éternel, seul capable de se comprendre
tout entier et de se complaire en lui-même, c’est lui qui plaça au
fond du cœur de toutes ses créatures le germe du bonheur éter-
nel : Que votre règne arrive !
Heureuses créatures, lui seul s’est chargé d’ordonner leur
présent et leur avenir ; qu’elles sont heureuses ! que nous le
sommes tous ! Que votre volonté soit faite sur la terre comme
au ciel !
Il fait croître et grandir la tige de l’épi, il dore la pomme et
le raisin avec les rayons du soleil ; il nourrit l’agneau sur la col-
line et dans la forêt le chevreuil : mais il tient aussi le tonnerre,
et la grêle n’épargne ni la tige ni la branche, ni l’animal de la
colline, ni celui de la forêt : Donnez-nous aujourd’hui notre
pain quotidien !
Au-dessus du tonnerre et de la tempête, y a t il aussi des
pécheurs et des mortels ?… Là haut aussi, l’ami devient-il en-
nemi, la mort sépare-t-elle ceux qui s’aiment ? Pardonnez-nous
nos offenses comme nous les pardonnons à ceux qui nous ont
offensés !
On ne monte au ciel, but sublime, que par des chemins dif-
ficiles : quelques-uns serpentent dans d’affreux déserts ; mais là
aussi de temps en temps le plaisir a semé quelques fruits pour
rafraîchir le voyageur… Ne nous induisez pas en tentation, mais
délivrez-nous du mal !
Adorons Dieu ! adorons celui qui fait rouler autour du so-
leil d’autres soleils, des terres et des lunes ; qui a créé les esprits
et préparé leur bonheur ; qui sème l’épi, commande à la mort et
soulage le voyageur du désert tout en le conduisant au but su-
blime. Oui, seigneur, nous vous adorons, car à vous est l’empire,
la puissance et la gloire. Amen.
Un poème de Friedrich Gottlieb Klopstock