Les Précieuses ridicules Scène VII

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Les Précieuses ridicules Scène VII

Les Précieuses ridicules par Jean Baptiste Poquelin: Molière

Mascarille, deux porteurs.

Mascarille

Holà ! porteurs, holà ! Là, là, là, là, là, là. Je pense que ces marauds-là ont dessein de me briser à force de heurter contre les murailles et les pavés.

1er porteur

Dame ! c’est que la porte est étroite ! Vous avez voulu aussi que nous soyons entrés jusqu’ici.

Mascarille

Je le crois bien. Voudriez-vous, faquins, que j’exposasse l’embonpoint de mes plumes aux inclémences de la saison pluvieuse, et que j’allasse imprimer mes souliers en boue ? Allez, ôtez votre chaise d’ici.

2e porteur

Payez-nous donc, s’il vous plaît, Monsieur.

Mascarille

Hem ?

2e porteur

Je dis, Monsieur, que vous nous donniez de l’argent, s’il vous plaît.

Mascarille, lui donnant un soufflet.

Comment, coquin ! demander de l’argent à une personne de ma qualité !

2e porteur

Est-ce ainsi qu’on paye les pauvres gens ? et votre qualité nous donne-t-elle à dîner ?

Mascarille

Ah ! ah ! ah ! je vous apprendrai à vous connaître ! Ces canailles-là s’osent jouer à moi !

1er porteur, prenant un des bâtons de sa chaise.

Çà, payez-nous vitement.

Mascarille

Quoi ?

1er porteur

Je dis que je veux avoir de l’argent tout à l’heure.

Mascarille

Il est raisonnable.

1er porteur

Vite donc.

Mascarille

Oui-da ! tu parles comme il faut, toi; mais l’autre est un coquin qui ne sait ce qu’il dit. Tiens: es-tu content ?

1er porteur

Non, je ne suis pas content; vous avez donné un soufflet à mon camarade, et…

Mascarille

Doucement; tiens, voilà pour le soufflet. On obtient tout de moi quand on s’y prend de la bonne façon. Allez, venez me reprendre tantôt pour aller au Louvre, au petit coucher.

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