L’enchanteresse de Thulé

Dans  Petits poèmes d'automne,  Poésies Stuart Merrill
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L’enchanteresse de Thulé
A ravi mon âme en son île
Où meurt, tel un souffle exhalé,
Le regret de l’heure inutile.

 

Je crois qu’on pleure autour de moi,
Prince dont la magique épée
Par la main des femmes sans foi
Se brisa, vierge d’épopée.

C’est la fuite des étendards
Le long de la mauvaise route
Aux cris des barbares hagards
Traquant mon armée en déroute.

Qu’importe ? — Alors qu’au seuil des cieux
Je pourrais conquérir la Lance,
Posez vos doigts lourds sur mes yeux,
O vous, les trois Sœurs du Silence !

L’encens des jours s’est exhalé :
Pourquoi pleurer l’heure inutile ?
L’enchanteresse de Thulé
A ravi mon âme en son île.

 



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