Mes victoires sont des désastres.
Je suis cloué sous le zénith
Et je voulais saisir, à l’horizon, des astres.
« Tout m’échappe. Comment savoir
Si le but du soleil est d’éclairer des mondes
Ou de se préparer, dans la flamme, aux devoirs
D’une maturité féconde?
« La noix est-elle germe ou repas d’écureuil?
Est-ce pour engendrer une race d’idées
Ou nourrir d’éclatants orgueils
Que de sang et de pleurs l’histoire est inondée?
« Pour le bien vaut-il mieux choisir
Plus d’amour et de vie et de mort et de râles.
Ou moins d’êtres et de désirs
Et moins de massacrés dans la lutte fatale?
« Tout me confond. Pourquoi ce monde qui maintient
Dans le néant sa course énorme?
Que penser? Je ne vois que défiler des formes
Et qui ne sait tout ne sait rien.
« Loin de moi, recherche inutile!
Léger d’esprit, dorénavant,
J’irai dans l’attirante ville
Me griser de plaisir mouvant.
« J’emplirai mes heures oisives
De jeu, de spectacles, de sport,
De bruit avec de gais convives
Et, riant, j’attendrai la mort. »
Lors dansa dans la rue un tourbillon de neige
Et l’homme réfléchit : « Que sais-je
Des raisons qu’a le vent, ici, de tournoyer?
Que sais-je de la force excepté l’employer?
Que sais-je des secrets que l’animal pénètre?
Que sais-je de moi-même et de mon propre sang? »
Il sentit déborder son vouloir frémissant
Et reprit le travail fabuleux de connaître.
Les Alternances
Alphonse Beauregard