Romans Alphonse Daudet

Alphonse Daudet
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Alphonse Daudet

Alphonse Daudet est un homme de littérature du 19ème siècle. Tour à tour conteur écrivain et auteur dramatique, il a laissé une profonde trace dans la littérature française avec des ouvrages mondialement reconnus comme:

Alphonse Daudet est un écrivain français né le 13 mai 1840. Ayant grandi dans un milieu bourgeois, il se passionne pour la littérature et la peinture et commence très tôt à écrire des œuvres qui ont par la suite contribué à son succès auprès de la classe moyenne et des nantis puissants de cette époque. Son talent a fait de lui une éminente figure du monde de la littérature française. A la fermeture de la fabrique de soie de son père, il est forcé de déménager à Lyon et y intègre le lycée Ampère. Sa carrière commence alors à cette époque et se poursuit sur un chemin pavé de réussite jusqu’à sa mort.

Toute sa vie, Alphonse Daudet a mis en écrit la Provence dans des textes, contes et nouvelles, de la même façon que Marcel Pagnol qui lui aussi magnifia cette belle région.

Alphonse Daudet

Alphonse Daudet

Des débuts prometteurs

Alphonse Daudet, une fois arrivé à Lyon, est un jeune homme à la santé fragile qui subit des brimades et des rabaissements en raison de ses origines modestes. Il écrit un roman en 1868, une œuvre qui a pour titre « Eh, vous le petit chose… » pour reprendre un terme qu’on utilisait fréquemment pour l’appeler. Son père ayant fait totalement faillite en 1857, il ne peut passer son bac et travaille en tant que surveillant dans une école. Cela ne dure pas très longtemps et il décide de rejoindre son frère Ernest à Paris.

C’est à partir de là qu’il a écrit ses premières œuvres à l’instar du recueil de poèmes qu’il baptise Les Amoureuses. Il réussit à séduire la haute société, notamment l’impératrice Eugénie, grâce à cette œuvre alliant naïveté et générosité et devient par la suite secrétaire du Duc de Morny qui n’est autre que le demi-frère de Napoléon III. Ayant vécu en Provence pendant trois ans et y rendant régulièrement visite à ses proches, il a écrit des œuvres inspirées de cette région, à savoir Lettres de mon moulin ou encore Tartarin de Tarascon.

Voyageur dans l’âme, il se rend en Algérie et en Corse malgré le fait qu’il soit fragilisé par la tuberculose. En 1867, il épouse Julia Allard avec laquelle il eut trois enfants. Il s’offre ensuite une maison près de Paris et y accueille régulièrement des écrivains et artistes dont il prend la défense, notamment les impressionnistes.

Un passage dans l’art théâtral

C’est en 1862 qu’il publie sa première pièce de théâtre qui est intitulée La Dernière Idole. C’est grâce à ces œuvres, auxquelles s’ajoute la pièce de théâtre intitulée Les Absents, qu’il peut intégrer le groupe des « auteurs sifflés ». En 1884, Alphonse Daudet est atteint d’une maladie incurable qui va le marquer physiquement. Cela n’a néanmoins pas eu d’effet sur sa passion pour la littérature et il a contribué, grâce aux nombreuses réunions d’écrivains célèbres, à la création de l’Académie Goncourt. Daudet décède des suites de sa maladie le 16 décembre 1897 et reçoit les éloges de son ami Emile Zola dans les œuvres de ce dernier mais surtout lors d’un discours qu’il prononce à l’enterrement de l’écrivain au cimetière du Père Lachaise.

Retrouvez aussi les citations d’Alphonse Daudet.

Le Petit Chose

La fabrique

Je suis né le 13 mai 18…, dans une ville du Languedoc où l’on trouve, comme dans toutes les villes du Midi, beaucoup de soleil, pas mal de poussière, un couvent de carmélites et deux ou trois monuments romains.

Mon père, M. Eyssette, qui faisait à cette époque le commerce des foulards, avait, aux portes de la ville, une grande fabrique dans un pan de laquelle il s’était taillé une habitation commode, tout ombragée de platanes, et séparée des ateliers par un vaste jardin. C’est là que je suis venu au monde et que j’ai passé les premières, les seules bonnes années de ma vie. Aussi ma mémoire reconnaissante a-t-elle gardé du jardin, de la fabrique et des platanes un impérissable souvenir, et lorsque à la ruine de mes parents il m’a fallu me séparer de ces choses, je les ai positivement regrettées comme des êtres.

Je dois dire, pour commencer, que ma naissance ne porta pas bonheur à la maison Eyssette. La vieille Annou, notre cuisinière, m’a souvent conté depuis comme quoi mon père, en voyage à ce moment, reçut en même temps la nouvelle de mon apparition dans le monde et celle de la disparition d’un de ses clients de Marseille, qui lui emportait plus de quarante mille francs; si bien que M. Eyssette, heureux et désolé du même coup, se demandait, comme l’autre, s’il devait pleurer pour la disparition du client de Marseille, ou rire pour l’heureuse arrivée du petit Daniel… Il fallait pleurer, mon bon monsieur Eyssette, il fallait pleurer doublement.

C’est une vérité, je fus la mauvaise étoile de mes parents. Du jour de ma naissance, d’incroyables malheurs les assaillirent par vingt endroits. D’abord nous eûmes donc le client de Marseille, puis deux fois le feu dans la même année, puis la grève des ourdisseuses, puis notre brouille avec l’oncle Baptiste, puis un procès très coûteux avec nos marchands de couleurs, puis, enfin, la révolution de 18…, qui nous donna le coup de grâce.
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Les Babarottes

Ô choses de mon enfance, quelle impression vous m’avez laissée ! Il me semble que c’est hier, ce voyage sur le Rhône. Je vois encore le bateau, ses passagers, son équipage; j’entends le bruit des roues et le sifflet de la machine. Le capitaine s’appelait Géniès, le maître coq Montélimart. On n’oublie pas ces choses-là.

La traversée dura trois jours. Je passai ces trois jours sur le pont, descendant au salon juste pour manger et dormir. Le reste du temps, j’allais me mettre à la pointe extrême du navire, près de l’ancre.

Il y avait là une grosse cloche qu’on sonnait en entrant dans les villes: je m’asseyais à côté de cette cloche, parmi des tas de cordes; je posais la cage du perroquet entre mes jambes et je regardais. Le Rhône était si large qu’on voyait à peine ses rives. Moi, je l’aurais voulu encore plus large, et qu’il se fût appelé la mer ! Le ciel riait, l’onde était verte. De grandes barques descendaient au fil de l’eau. Des mariniers, guéant le fleuve à dos de mules, passaient près de nous en chantant. Parfois, le bateau longeait quelque île bien touffue, couverte de joncs et de saules. “ Oh ! une île déserte ! ” me disais-je dans moi-même; et je la dévorais des yeux…

Vers la fin du troisième jour, je crus que nous allions avoir un grain. Le ciel s’était assombri subitement; un brouillard épais dansait sur le fleuve; à l’avant du navire on avait allumé une grosse lanterne, et, ma foi, en présence de tous ces symptômes, je commençais à être ému… À ce moment, quelqu’un dit près de moi “ Voilà Lyon ! ” En même temps la grosse cloche se mit à sonner. C’était Lyon.
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Il est mort ! Priez pour lui !

C’était un lundi du mois de juillet.

Ce jour-là, en sortant du collège, je m’étais laissé entraîner à faire une partie de barres, et lorsque je me décidai à rentrer à la maison, il était beaucoup plus tard que je n’aurais voulu. De la place des Terreaux à la rue Lanterne, je courus sans m’arrêter, mes livres à la ceinture, ma casquette entre les dents. Toutefois, comme j’avais une peur effroyable de mon père, je repris haleine une minute dans l’escalier, juste le temps d’inventer une histoire pour expliquer mon retard. Sur quoi, je sonnai bravement.

Ce fut M. Eyssette lui-même qui vint m’ouvrir. “ Comme tu viens tard ! ” me dit-il. Je commençais à débiter mon mensonge en tremblant; mais le cher homme ne me laissa pas achever et, m’attirant sur sa poitrine, il m’embrassa longuement et silencieusement.
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Le cahier rouge

On trouve dans les vieux missels de naïves enluminures, où la Dame des sept douleurs est représentée ayant sur chacune de ses joues une grande ride profonde, cicatrice divine que l’artiste a mise là pour nous dire: ” Regardez comme elle a pleuré !… ” Cette ride – la ride des larmes – je jure que je l’ai vue sur le visage amaigri de Mme Eyssette, lorsqu’elle revint à Lyon, après avoir enterré son fils.

Pauvre mère, depuis ce jour elle ne voulut plus sourire. Ses robes furent toujours noires, son visage toujours désolé. Dans ses vêtements comme dans son cœur, elle prit le grand deuil, et ne le quitta jamais… Du reste, rien de changé dans la maison Eyssette; ce fut un peu plus lugubre, voilà tout. Le curé de Saint-Nizier dit quelques messes pour le repos de l’âme de l’abbé. On tailla deux vêtements noirs pour les enfants dans une vieille roulière de leur père, et la vie, la triste vie recommença.

Il y avait déjà quelque temps que notre cher abbé était mort, lorsqu’un soir, à l’heure de nous coucher, je fus étonné de voir Jacques fermer notre chambre à double tour, boucher soigneusement les rainures de la porte, et, cela fait, venir vers moi, d’un grand air de solennité et de mystère.

Il faut vous dire que, depuis son retour du Midi, un singulier changement s’était opéré dans les habitudes de l’ami Jacques. D’abord, ce que peu de personnes voudront croire, Jacques ne pleurait plus, ou presque plus; puis, son fol amour du cartonnage lui avait à peu près passé. Les petits pots de colle allaient encore au feu de temps en temps, mais ce n’était plus avec le même entrain; maintenant, si vous aviez besoin d’un cartable, il fallait vous mettre à genoux pour l’obtenir… Des choses incroyables ! un carton à chapeaux que Mme Eyssette avait commandé était sur le chantier depuis huit jours… À la maison, on ne s’apercevait de rien; mais moi, je voyais bien que Jacques avait quelque chose. Plusieurs fois, je l’avais surpris dans le magasin, parlant seul et faisant des gestes. La nuit, il ne dormait pas; je l’entendais marmotter entre ses dents, puis subitement sauter à bas du lit et marcher à grands pas dans la chambre… tout cela n’était pas naturel et me faisait peur quand j’y songeais. Il me semblait que Jacques allait devenir fou.
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Gagne ta vie Sarlande est une petite ville des Cévennes, bâtie au fond d’une étroite vallée que la montagne enserre de partout comme un grand mur. Quand le soleil y donne, c’est une fournaise; quand la tramontane souffle, une glacière… Le soir de mon arrivée, la tramontane faisait rage depuis le matin; et quoiqu’on fût…

Les Petits

Ceux-là n’étaient pas méchants; c’étaient les autres. Ceux-là ne me firent jamais de mal, et moi je les aimais bien, parce qu’ils ne sentaient pas encore le collège et qu’on sentait toute leur âme dans leurs yeux.

Je ne les punissais jamais. À quoi bon ? Est-ce qu’on punit les oiseaux ?… Quand ils pépiaient trop haut, je n’avais qu’à crier: “ Silence ! ” Aussitôt ma volière se taisait — au moins pour cinq minutes.

Le plus âgé de l’étude avait onze ans. Onze ans, je vous demande ! Et le gros Serrières qui se vantait de les mener à la baguette !…

Moi, je ne les menai pas à la baguette. J’essayai d’être toujours bon, voilà tout.
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Le pion

Je pris donc possession de l’étude des moyens…

Je trouvai là une cinquantaine de méchants drôles, montagnards joufflus de douze à quatorze ans, fils de métayers enrichis, que leurs parents envoyaient au collège pour en faire de petits bourgeois, à raison de cent vingt francs par trimestre.

Grossiers, insolents, orgueilleux, parlant entre eux un rude patois cévenol auquel je n’entendais rien, ils avaient presque tous cette laideur spéciale à l’enfance qui mue, de grosses mains rouges avec des engelures, des voix de jeunes coq enrhumés, le regard abruti, et par là-dessus l’odeur du collège… Ils me haïrent tout de suite, sans me connaître. J’étais pour eux l’ennemi, le Pion; et du jour où je m’assis dans ma chaire, ce fut la guerre entre nous, une guerre acharnée, sans trêve, de tous les instants.

Ah ! les cruels enfants, comme ils me firent souffrir !…
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Les yeux noirs

Maintenant le collège est désert. Tout le monde est parti… D’un bout des dortoirs à l’autre, des escadrons de gros rats font des charges de cavalerie en plein jour. Les écritoires se dessèchent au fond des pupitres. Sur les arbres des cours, la division des moineaux est en fête; ces messieurs ont invité tous leurs camarades de la ville, ceux de l’évêché, ceux de la sous-préfecture, et, du matin jusqu’au soir, c’est un pépiage assourdissant.

De sa chambre, sous les combles, le petit Chose les écoute en travaillant. On l’a gardé par charité, dans la maison, pendant les vacances. Il en profite pour étudier à mort les philosophes grecs. Seulement, la chambre est trop chaude et les plafonds trop bas. On étouffe là-dessous… Pas de volets aux fenêtres. Le soleil entre comme une torche et met le feu partout. Le plâtre des solives craque, se détache… De grosses mouches, alourdies par la chaleur, dorment collées aux vitres… Le petit Chose, lui, fait de grands efforts pour ne pas dormir. Sa tête est lourde comme du plomb; ses paupières battent.

Travaille donc, Daniel Eyssette !… Il faut reconstruire le foyer… Mais non ! il ne peut pas… Les lettres de son livre dansent devant ses yeux, puis, ce livre qui tourne, puis la table, puis la chambre. Pour chasser cet étrange assoupissement, le petit Chose se lève, fait quelques pas; arrivé devant la porte, il chancelle et tombe à terre comme une masse, foudroyé par le sommeil.
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L’affaire Boucoyran

Avec la Saint-Théophile, voilà les vacances enterrées. Les jours qui suivirent furent tristes; un vrai lendemain de mardi gras. Personne ne se sentait en train, ni les maîtres, ni les élèves. On s’installait… Après deux grands mois de repos, le collège avait peine à reprendre son va-et-vient habituel. Les rouages fonctionnaient mal, comme ceux d’une vieille horloge, qu’on aurait depuis longtemps oublié de remonter. Peu à peu, cependant, grâce aux efforts de M. Viot, tout se régularisa. Chaque jour, aux mêmes heures, au son de la même cloche, on vit de petites portes s’ouvrir dans les cours et des litanies d’enfants, roides comme des soldats de bois, défiler deux par deux sous les arbres; puis la cloche sonnait encore, ding ! dong ! – et les mêmes enfants repassaient sous les mêmes petites portes. Ding ! dong ! Levez-vous. Ding ! dong ! Couchez-vous. Ding ! dong ! instruisez-vous ! Ding ! dong ! Amusez-vous. Et cela pour toute l’année.

Ô triomphe du règlement ! Comme l’élève Ménalque aurait été heureux de vivre, sous la férule de M. Viot, dans le collège modèle de Sarlande…

Moi seul, je faisais ombre à cet adorable tableau. Mon étude ne marchait pas. Les terribles moyens m’étaient revenus de leurs montagnes, plus laids, plus âpres, plus féroces que jamais. De mon côté, j’étais aigri; la maladie m’avait rendu nerveux et irritable; je ne pouvais plus rien supporter… Trop doux l’année précédente, je fus trop sévère cette année… J’espérais ainsi mater ces méchants drôles, et, pour la moindre incartade, je foudroyais toute l’étude de pensums et de retenues…
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