Poésie Jacques Herman

Pas le droit d'emporter Ce que l'on veut Poids limité Tout excédent de bagages  Est facteur de suspicion Notre âme se fait méfiante  Gare à la douane volante Aux fouilles Aux perquisitions

J'ai parcouru la ville  Dans toute sa longueur Dans sa largeur aussi  Et tout m'est familier Jusqu'aux trottoirs ourlés  De curieux boudins sombres

J'aimerais vous écrire  Des lettres si longues Qu'il me faudrait plus de papier Qu'un arbre entier Ne pourrait en fournir

L'horloge du monde Vient de tomber De la falaise Elle s'est écrasée Dans les rochers puis a Roulé dans l'océan

C'est du sommeil Qui frappe à la porte Et se fait passer  Pour le facteur Vous le faites entrer Vous tombez dans ses bras  

Victoire Victoire   Pourvu que vogue La galère Il ne veut plus ramer Débordant d'insolence Il exulte O peuples de la mer Veillez à glorifier La dérive et le hasard

Un berger allemand Vint s'asseoir à mes pieds

Est-il fente plus belle Que née de la charrue Dans un champ limoneux

J'ai creusé dans le trottoir Deux trous de mémoire De sable chaud Je les ai remplis

Jamais les cendres  De nos ancêtres  Ne nous retomberont dessus Le vent les a poussées