Foudroye moy de grace ainsi que Capanée O pere Jupiter, et de ton feu cruel Esteins moy l'autre feu qu'Amour continuel Toujours m'alume au coeur d'une flame obstinée.
Celui qui boit, comme a chanté Nicandre, De l'Aconite, il a l'esprit troublé, Tout ce qu'il voit lui semble estre doublé, Et sur ses yeux la nuit se vient espandre.
Amour tu semble au phalange qui point Lui de sa queüe, et toi de ta quadrelle : De tous deux est la pointure mortelle, Qui rempe au coeur, et si n'aparoist point.
Naguiere chanter je voulois Comme Francus au bord Gaulois Avecq' sa troupe vint descendre, Mais mon luc pinçé de mon doi, Ne vouloit en dépit de moi Que chanter Amour, et Cassandre.
Nature engendre quelque chose,
Et si la generation
Se fait de la corruption,
Une vigne prendra naissance
De l’estomac et de la pance
Du bon Rabelais, qui boivoit
Tousjours ce pendant qu’il vivoit
La fosse de sa grande gueule
Eust plus beu de vin toute seule
Si Jupiter, des Dieus et des hommes le roi,
Lui eust juré ces mots : l’enfant dont tu es pleine,
Sera tant qu’il vivra sans douleur et sans peine,
Et tousjours lui viendront les biens sans y songer,
Tu dirois à bon droit Jupiter mensonger.
Mais puis que tu es né, ainsi que tous nous sommes,
A la condition des miserables hommes,
Pour avoir en partage ennuis, soucis, travaus,
Douleurs, tristesses, soins, tormans, peines et maus,
De ce vin verson ces roses,
Et boyvon l’un à l’autre, afin
Qu’au coeur noz tristesses encloses
Prennent en boyvant quelque fin.
La belle Rose du Printemps
Aubert, admoneste les hommes
Passer joyeusement le temps,
Et pendant que jeunes nous sommes
Esbatre la fleur de noz ans.
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Sans retourner en Vendômois,
Plein de pensées vagabondes,
Plein d’un remords et d’un souci,
Aux rochers je me plains ainsi,
Aux bois, aux antres et aux ondes.
Rochers, bien que soyez âgés
De trois mil ans, vous ne changez
Jamais ni d’état ni de forme ;
Mais toujours ma jeunesse fuit,
Que n’est d’un lis la fleur éclose,
Et toi le visage plus franc
Que n’est le bouton d’une rose
Pour cela, cruelle, il ne faut
Fuir ainsi ma tête blanche ;
Si j’ai la tête blanche en haut,
J’ai en bas la queue bien franche.
Ne sais-tu pas, toi qui me fuis,
Que pour bien faire une couronne,
Ou quelque beau bouquet, d’un lis
Toujours la rose on environne ?
Les Odes
Pierre de Ronsard
De travers guignes-tu vers moi ?
Pourquoi, farouche, fuis-tu outre,
Quand je veux approcher de toi ?
Tu ne veux pas que l’on te touche,
Mais si je t’avais sous ma main,
Assure-toi que dans la bouche
Bientôt je t’aurais mis le frein.
Puis, te voltant à toute bride,
Soudain je te ferais au cours,