Rymes

Poésie Pernette du Guillet

Que d’avoir mal pour chose si louable,
Comme à chacun son grand contentement,
Tout bon esprit (tant soit peu raisonnable)
Le pourra croire, et par bon jugement.

Mais si voulez connaître clairement,
Lequel des deux a sur plaisir puissance,
Faudra goûter d’un mur entendement
L’heur et malheur de votre connaissance

Rymes
Pernette de Guillet

Que d’avoir mal pour chose si louable,
Comme à chacun son grand contentement,
Tout bon esprit (tant soit peu raisonnable)
Le pourra croire, et par bon jugement.

Mais si voulez connaître clairement,
Lequel des deux a sur plaisir puissance,
Faudra goûter d’un mur entendement
L’heur et malheur de votre connaissance

Rymes
Pernette de Guillet

L’âme et l’esprit sont pour le corps orner,
Quand le vouloir de l’Eternel nous donne
Sens et savoir pour pouvoir discerner
Le bien du bien que la raison ordonne.

Par quoi si Dieu de tels biens te guerdonne,
Il m’a donné raison qui a pouvoir
De bien juger ton heur et ton savoir.
Ne trouve donc chose si admirable,
Si à bon droit te désirent de voir
Le Corps, l’Esprit et l’Ame raisonnable.

Rymes
Pernette de Guillet

Pour contenter celui qui me tourmente,
Chercher ne veux remède à mon tourment :
Car en mon mal voyant qu’il se contente,
Contente suis de son contentement

Rymes
Pernette de Guillet

Le grand désir du plaisir admirable
Se doit nourrir par un contentement
De souhaiter chose tant agréable.
Que tout esprit peut ravir doucement.

Ô que le fait doit être grandement
Rempli de bien, quand pour la grande envie
On veut mourir, s’on ne l’a promptement :
Mais ce mourir engendre une autre vie.

Rymes
Pernette de Guillet

L’heure de mon mal, enflammant le désir,
Fit distiller deux cœurs en un devoir :
Dont l’un est vif pour le doux déplaisir,
Qui fait que mort le tient en son pouvoir.

Dieu aveuglé, tu nous as fait avoir
Du bien le mal en effet honorable :
Fais donc aussi que nous puissions avoir
En nos esprits contentement durable.

Rymes
Pernette de Guillet

Le Corps ravi, l’Âme s’en émerveille
Du grand plaisir qui me vient entamer,
Me ravissant d’Amour, qui tout éveille
Par ce seul bien, qui le fait Dieu nommer.

Mais si tu veux son pouvoir consommer,
Faut que par tout tu perdes cette envie :
Tu le verras de ses traits s’assommer,
Et aux Amants accroissement de vie.

Rymes
Pernette de Guillet

Comme le corps ne permet point de voir
À son esprit, ni savoir sa puissance :
Ainsi l’erreur, qui tant me fait avoir
Devant les yeux le bandeau d’ignorance,
Ne m’a permis d’avoir la connaissance

De celui-là que, pour près le chercher,
Les Dieux avaient voulu le m’approcher :
Mais si haut bien ne m’a su apparaître.
Par quoi à droit l’on me peut reprocher
Que plus l’ai vu, et moins l’ai su connaître.

Rymes
Pernette de Guillet

Si tu ne veux l’anneau tant estimer,
Que d’un baiser il te soit rachetable,
Tu ne dois pas, au moins, si peu l’aimer,
Qu’il ne te soit, non pour l’or acceptable,

Mais pour la main qui pour plus rendre stable
Sa foi vers toi, te l’a voulu lier
D’un diamant, où tu peux déployer
Un coeur taillé en face perdurable,
Pour te montrer que ne dois oublier,
Comme tu fais, la sienne amour durable

Rymes
Pernette de Guillet

Plus je désire, et la fortune adverse
Moins me permet que puisse celui voir,
A qui elle eut par mainte controverse
Fait maint ennui, si ne fut son savoir,

Qui des Cieux a ce tant heureux pouvoir
De parvenir toujours à son entente :
Dont avec lui ce soulas puisse avoir,
Que lui content, je demeure contente

Rymes
Pernette de Guillet

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