Poésie Marceline Desbordes-Valmore

Poésies inédites

Un ami me parlait et me regardait vivre : Alors, c'était mourir… mon jeune âge était ivre De l'orage enfermé dont la foudre est au coeur ; Et cet ami riait, car il était moqueur. Il n'avait pas d'aimer la funeste science. Son seul orage à lui, c'était l'impatience. Léger comme l'oiseau qui siffle avant…

Je suis la prière qui passe Sur la terre où rien n'est à moi ; Je suis le ramier dans l'espace, Amour, où je cherche après toi. Effleurant la route féconde, Glanant la vie à chaque lieu, J'ai touché les deux flancs du monde, Suspendue au souffle de Dieu.

Ce fut un jour pareil à ce beau jour Que, pour tout perdre, incendiait l'amour ! C'était un jour de charité divine Où dans l'air bleu l'éternité chemine ;

Je ne dis rien de toi, toi, la plus enfermée, Toi, la plus douloureuse, et non la moins aimée ! Toi, rentrée en mon sein ! je ne dis rien de toi Qui soufres, qui te plains, et qui meurs avec moi !

Fierté, pardonne-moi ! Fierté, je t'ai trahie ! … Une fois dans ma vie, Fierté, j'ai mieux aimé mon pauvre coeur que toi : Tue, ou pardonne-moi !

Attends, nous allons dire adieu : Ce mot seul désarmera Dieu. Les voilà ces feuilles brûlantes Qu'échangèrent nos mains tremblantes,

Si ta vie obscure et charmée Coule à l'ombre de quelques fleurs, Ame orageuse mais calmée Dans ce rêve pur et sans pleurs, Sur les biens que le ciel te donne, Crois-moi : Pour que le sort te les pardonne, Tais-toi !

"De l'ardente cigale J'eus le destin, Sa récolte frugale Fut mon festin. Mouillant mon seigle à peine D'un peu de lait, J'ai glané graine à graine Mon chapelet.

Il est de longs soupirs qui traversent les âges Pour apprendre l'amour aux âmes les plus sages. Ô sages ! De si loin que ces soupirs viendront, Leurs brûlantes douceurs un jour vous troubleront.

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