Poésie Marceline Desbordes-Valmore

Poésies inédites

C'est là que j'ai vu Rose Dassonville, Ce mouvant miroir d'une rose au vent. Quand ses doux printemps erraient par la ville, Ils embaumaient l'air libre et triomphant.

Nocturne Douce lune des fleurs, j'ai perdu ma couronne ! Je ne sais quel orage a passé sur ces bords. Des chants de l'espérance il éteint les accords, Et dans la nuit qui m'environne, Douce lune des fleurs, j'ai perdu ma couronne.

Les rumeurs du jardin disent qu'il va pleuvoir ; Tout tressaille, averti de la prochaine ondée : Et toi qui ne lis plus, sur ton livre accoudée, Plains-tu l'absent aimé qui ne pourra te voir ?

J'irai, j'irai porter ma couronne effeuillée Au jardin de mon père où revit toute fleur ; J'y répandrai longtemps mon âme agenouillée : Mon père a des secrets pour vaincre la douleur.

Cher petit oreiller, doux et chaud sous ma tête, Plein de plume choisie, et blanc, et fait pour moi ! Quand on a peur du vent, des loups, de la tempête, Cher petit oreiller, que je dors bien sur toi !

Beau fantôme de l'innocence, Vêtu de fleurs, Toi qui gardes sous ta puissance Une âme en pleurs !

Ouvre ton aile au vent, mon beau ramier sauvage, Laisse à mes doigts brisés ton anneau d'esclavage ! Tu n'as que trop pleuré ton élément, l'amour ; Sois heureux comme lui : sauve-toi sans retour !

L'eau nous sépare, écoute bien : Si tu fais un pas, tu n'as rien. Voici ma plus belle ceinture, Elle embaume encor de mes fleurs. Prends les parfums et les couleurs, Prends tout… je m'en vais sans parure.

(A Mlle Emilie Bascans) Si j'étais assez grande, Je voudrais voir L'effet de ma guirlande Dans le miroir. En montant sur la chaise, Je l'atteindrais ; Mais sans aide et sans aise, Je tomberais.

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