L’âme en bourgeon

Poésies Cécile Sauvage

Voilà que je me sens plus proche encor des choses. Je sais quel long travail tient l’ovaire des roses, Comment la sauterelle au creux des rochers bleus Appelle le soleil pour caresser ses neufs Et pourquoi l’araignée, en exprimant sa moelle, Protège ses petits d’un boursicot de toile. Je sais quels yeux la biche arrête sur son faon, Tellement notre esprit s’éclaire avec l’enfant ;
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Tu tettes le lait pur de mon âme sereine,
Mon petit nourrisson qui n’as pas vu le jour,
Et sur ses genoux blancs elle, berce la tienne
En lui parlant tout bas de la vie au front lourd.
Voici le lait d’esprit et le lait de tendresse,
Voici le regard d’or qu’on jette sur les cieux ;
Goûte près de mon coeur l’aube de la sagesse ;
Car sur terre jamais tu ne comprendras mieux.
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Nature, laisse-moi me mêler à ta fange,
M’enfoncer dans la terre où la racine mange,
Où la sève montante est pareille à mon sang.
Je suis comme ton monde où fauche le croissant
Et sous le baiser dru du soleil qui ruisselle,
J’ai le frisson luisant de ton herbe nouvelle.
Tes oiseaux sont éclos dans le nid de mon coeur,
J’ai dans la chair le goût précis de ta saveur,
Je marche à ton pas rond qui tourne dans la sphère,
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Ô mon fils, je tiendrai ta tête dans ma main,
Je dirai : j’ai pétri ce petit monde humain ;
Sous ce front dont la courbe est une aurore étroite
J’ai logé l’univers rajeuni qui miroite
Et qui lave d’azur les chagrins pluvieux.
Je dirai : j’ai donné cette flamme à ces yeux,
J’ai tiré du sourire ambigu de la lune,
Des reflets de la mer, du velours de la prune
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Dans cette tasse claire où luit un cercle d’or
J’ai versé du lait blanc pour ta lèvre vermeille.
Comme un enfant dolent le long du corridor
Un rayon de soleil s’étant couché sommeille.
Vois, la mouche gourmande est plus sage que toi.
Perchée au bord du vase où son aile se mouille,
Avec sa trompait, comme nous aurions peur ;
La nuit fait les gros yeux avec la lune ronde
Et tous les astres blonds qui pressent leur lueur
Sur le front noir de l’ombre où l’angoisse est profonde.
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Il est né, j’ai perdu mon jeune bien-aimé,
Je le tenais si bien dans mon âme enfermé,
Il habitait mon sein, il buvait mes tendresses,
Je le laissais jouer et tirailler mes tresses.
À qui vais-je parler dans mon coeur à présent ?
Il écoutait mes pleurs tomber en s’écrasant,
Il était le printemps qui voit notre délire
Gambader sur son herbe et qui ne peut en rire.
Il me donnait la main pour sauter les ruisseaux,
Nous avions des bonheurs et des peines d’oiseaux ;
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Enfant, pâle embryon, toi qui dors dans les eaux
Comme un petit dieu mort dans un cercueil de verre.
Tu goûtes maintenant l’existence légère
Du poisson qui somnole au-dessous des roseaux.
Tu vis comme la plante, et ton inconscience
Est un lis entr’ouvert qui n’a que sa candeur
Et qui ne sait pas même à quelle profondeur
Dans le sein de la terre il puise sa substance.
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