Lambes et poèmes

Poésie Auguste Barbier

Ah ! S’il est ici-bas un aspect douloureux,
Un tableau déchirant pour un coeur magnanime,
C’est ce peuple divin que le chagrin décime,
C’est le pâle troupeau des talents malheureux.
C’est toi, Mazaccio, jeune homme aux longs cheveux.
De la bonne Florence enfant cher et sublime ;
Peintre des premiers temps, c’est ton air de victime,
Et ta bouche entr’ouverte et tes sombres yeux bleus…
Hélas ! La mort te prit les deux mains sur la toile ;
Et du beau ciel de l’art, jeune et brillante étoile,
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À M. A. Brizeux
Ô désolation, ô misère profonde !
Désespoir éternel pour les âmes du monde !
Sol de Jérusalem, que tant d’hommes pieux
Ont baigné de sueur et des pleurs de leurs yeux ;
Sainte terre enlevée aux monts de la Judée,
Et du sang des martyrs encor tout inondée ;
Sainte terre des morts qui portas le sauveur,
Toi, que tout front chrétien baisait avec ferveur,
Tu n’es plus maintenant qu’une terre profane,
Un sol où toute fleur dépérit et se fane,
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Les Alpes ont beau faire et m’opposer leur dos,
Leurs glaciers verts et bleus aux terribles passages,
Et leurs pics décharnés où les sombres nuages
Viennent traîner le ventre et se mettre en lambeaux ;
Tombent, tombent sur moi, leurs effrayantes eaux,
Leurs torrents bondissants, leurs neiges, leurs orages,
Et que les vents sortis de cent rochers sauvages
Déchirent mes poumons comme de froids couteaux !
J’irai, je foulerai, car, j’en ai l’espérance,
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« Il est triste »

À M Léon De Wailly

Il est triste de voir partout l’oeuvre du mal,
D’entonner ses chansons sur un rhythme infernal.
Au ciel le plus vermeil de trouver un nuage,
Une ride chagrine au plus riant visage.
Heureux à qui le ciel a fait la bonne part !
Bien heureux qui n’a vu qu’un beau côté de l’art !
Hélas ! Mon coeur le sent, si j’avais eu pour muse

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I
Comme tout jeune coeur encor vierge de fiel,
J'ai demandé d'abord ma poésie au ciel.
Hélas ! Il n'en tomba qu'une réponse amère !
Pauvre fou, cria-t-il, que la pensée altère,
Toi qui, haussant vers moi tes deux lèvres en feu,
Cherches, comme un peu d'eau, le pur souffle de Dieu,
Oh ! De moi n'attends plus de célestes haleines,
Car le vent de la terre a desséché mes plaines :
Il a brûlé mes fleurs, et dans son vol fougueux
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Il est, il est sur terre une infernale cuve,
On la nomme Paris ; c'est une large étuve,
Une fosse de pierre aux immenses contours
Qu'une eau jaune et terreuse enferme à triples tours ;
C'est un volcan fumeux et toujours en haleine
Qui remue à longs flots de la matière humaine ;
Un précipice ouvert à la corruption
Où la fange descend de toute nation,
Et qui de temps en temps, plein d'une vase immonde,
Soulevant ses bouillons déborde sur le monde.
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Nous avons tout perdu, tout, jusqu'à ce gros rire
Gonflé de gaîté franche et de bonne satire,
Ce rire d'autrefois, ce rire des aïeux
Qui jaillissait du coeur comme un flot de vin vieux
Le rire sans envie et sans haine profonde,
Pur n'y plus revenir est parti de ce monde.
Quel compère joyeux que le rire autrefois !
Maintenant il est triste, il chante à demi-voix,
Il incline la tête et se pince la lèvre ;
Chaque pli de sa bouche est creusé par la fièvre :
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A quoi servent, grand dieu ! Les leçons de l'histoire
          Pour l'avenir des citoyens,
Et tous les faits notés dans une page noire
          Par la main des historiens,
Si les mêmes excès et les mêmes misères
          Reparaissent dans tous les temps,
Et si de tous les temps les exemples des pères
          Sont imités par leurs enfants ?
Ô pauvres insensés ! Qui, le front ceint de chêne
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Une nuit je rêvais… et dans mon rêve sombre,
         Autour d'un ténébreux autel,
Passaient, passaient toujours des victimes sans nombre,
         Les bras tendus vers l'éternel.
Toutes avaient au front une trace luisante ;
         Toutes, comme un maigre troupeau
Qui laisse à l'écorcheur sa tunique pesante,
         Portaient du rouge sur la peau.
Et toutes, ce n'étaient que vieillards à grand âge,
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Ô puissant Gutenberg ! Germain de bonne race
Dont le mâle et hardi cerveau
De l’antique univers a rajeuni la face
Par un prodige tout nouveau ;
Lorsqu’aux rives du Rhin, dans une nuit ardente,
Amant d’une divinité,
Tu pressas sur ton sein la poitrine fervente
De l’immortelle liberté,
Tu crus sincèrement que cette femme austère
Enfanterait quelque beau jour
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