Auteur Molière Jean Baptiste Poquelin

Le malade imaginaire

Le malade imaginaire ACTE I Scène 8

Angélique, Toinette

Toinette

Les voilà avec un notaire, et j’ai ouï parler de testament. Votre belle-mère ne s’endort point: et c’est sans doute quelque conspiration contre vos intérêts, où elle pousse votre père.

Angélique

Qu’il dispose de son bien à sa fantaisie, pourvu qu’il ne dispose point de mon cœur. Tu vois, Toinette, les desseins violents que l’on fait sur lui. Ne m’abandonne point, je te prie, dans l’extrémité où je suis.

Toinette

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Dom Juan ou le Festin de pierre

ACTE IV, Scène IV

DOM LOUIS, DOM JUAN, LA VIOLETTE, SGANARELLE.

LA VIOLETTE: Monsieur, voilà Monsieur votre père.

DOM JUAN: Ah ! me voici bien: il me fallait cette visite pour me faire enrager.

DOM LOUIS: Je vois bien que je vous embarrasse, et que vous vous passeriez fort aisément de ma venue. à dire vrai, nous nous incommodons étrangement l’un et l’autre; et si vous êtes las de me voir, je suis bien las aussi de vos déportements. Hélas ! que nous savons peu ce que nous faisons quand nous ne laissons pas au Ciel le soin des choses qu’il nous faut, quand nous voulons être plus avisés que lui, et que nous venons à l’importuner par nos souhaits aveugles et nos demandes inconsidérées ! J’ai souhaité un fils avec des ardeurs nonpareilles; je l’ai demandé sans relâche avec des transports incroyables; et ce fils, que j’obtiens en fatiguant le Ciel de vœux, est le chagrin et le supplice de cette vie même dont je croyais qu’il devait être la joie et la consolation. De quel œil, à votre avis, pensez-vous que je puisse voir cet amas d’actions indignes, dont on a peine, aux yeux du monde, d’adoucir le mauvais visage, cette suite continuelle de méchantes affaires, qui nous réduisent, à toutes heures, à lasser les bontés du Souverain, et qui ont épuisé auprès de lui le mérite de mes

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Le Bourgeois gentilhomme BALLET Quatrième entrée

Le Bourgeois gentilhomme par Molière

ITALIENS

Une musicienne italienne fait le premier récit, dont voici les paroles:

Di rigori armata il seno,

Contro amor mi ribellai;

Ma fui vinta in un baleno

In mirar duo vaghi rai;

Ahi ! che resiste puoco
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Le Bourgeois gentilhomme ACTE IV Scène I

Le Bourgeois gentilhomme par Molière

Dorante, Dorimène, Monsieur Jourdain, Deux Musiciens, Une Musicienne, Laquais.

Dorimène

Comment, Dorante ? voilà un repas tout à fait magnifique !

Monsieur Jourdain

Vous vous moquez, Madame, et je voudrais qu’il fût plus digne de vous être offert.

Tous se mettent à table.

Dorante

Monsieur Jourdain a raison, Madame, de parler de la sorte, et il m’oblige de vous faire si bien les honneurs de chez lui. Je demeure d’accord avec lui que le repas n’est pas digne de vous. Comme c’est moi qui l’ai ordonné, et que je n’ai pas sur cette matière les lumières de nos amis, vous n’avez pas ici un repas fort savant, et vous y trouverez des incongruités de bonne chère, et des barbarismes de bon goût. Si Damis, notre ami, s’en était mêlé, tout serait dans les règles; il y aurait partout de l’élégance et de l’érudition, et il ne manquerait pas de vous exagérer lui-même toutes les pièces du repas qu’il vous donnerait, et de vous faire tomber d’accord de sa haute capacité dans la science des bons morceaux, de vous parler d’un pain de rive, à biseau doré, relevé de croûte partout, croquant tendrement sous la dent; d’un vin à sève veloutée, armé d’un vert qui n’est point trop commandant; d’un carré de mouton gourmandé de persil; d’une longe de veau de rivière, longue comme cela, blanche, délicate, et qui sous les dents est une vraie pâte d’amande; de perdrix relevées d’un fumet surprenant; et pour son opéra, d’une soupe à bouillon perlé, soutenue d’un jeune gros dindon cantonné de pigeonneaux, et couronnée d’oignons blancs, mariés avec la chicorée. Mais pour moi, je vous avoue mon ignorance; et comme Monsieur Jourdain a fort bien dit, je voudrais que le repas fût plus digne de vous être offert.
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ACTE IV, Scène V

DOM JUAN, SGANARELLE.

DOM JUAN: Eh ! mourez le plus tôt que vous pourrez, c’est le mieux que vous puissiez faire. Il faut que chacun ait son tour, et j’enrage de voir des pères qui vivent autant que leurs fils.

Il se met dans son fauteuil.

SGANARELLE: Ah ! Monsieur, vous avez tort.

DOM JUAN: J’ai tort ?

SGANARELLE: Monsieur.

DOM JUAN se lève de son siège: J’ai tort ?

SGANARELLE: Oui, Monsieur, vous avez tort d’avoir souffert ce qu’il vous a dit, et vous le deviez mettre dehors par les épaules. A-t-on jamais rien vu de plus impertinent ? Un père venir faire des remontrances à son fils, et lui dire de corriger ses actions, de se ressouvenir de sa naissance, de mener une vie d’honnête homme, et cent autres sottises de pareille nature ! Cela se peut-il souffrir à un homme comme vous, qui savez comme il faut vivre ? J’admire votre patience; et si j’avais été en votre place, je l’aurais envoyé promener. O complaisance maudite ! à quoi me réduis-tu ?

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Le malade imaginaire PREMIER INTERMÈDE

Polichinelle, dans la nuit, vient pour donner une sérénade à sa maîtresse. Il est interrompu d’abord par des violons, contre lesquels il se met en colère, et ensuite par le Guet, composé de musiciens et de danseurs.

POLICHINELLE

Ô amour, amour, amour, amour ! Pauvre Polichinelle, quelle diable de fantaisie t’es-tu allé mettre dans la cervelle ? à quoi t’amuses-tu, misérable insensé que tu es ? Tu quittes le soin de ton négoce, et tu laisses aller tes affaires à l’abandon. Tu ne manges plus, tu ne bois presque plus, tu perds le repos de la nuit; et tout cela pour qui ? Pour une dragonne, franche dragonne, une diablesse qui te rembarre, et se moque de tout ce que tu peux lui dire. Mais il n’y a point à raisonner là-dessus. Tu le veux, amour: il faut être fou comme beaucoup d’autres. Cela n’est pas le mieux du monde à un homme de mon âge; mais qu’y faire ? On n’est pas sage quand on veut, et les vieilles cervelles se démontent comme les jeunes.

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Le malade imaginaire ACTE II Scène 1

Toinette, Cléante

Toinette

Que demandez-vous, monsieur ?

Cléante

Ce que je demande ?

Toinette

Ah ! ah ! c’est vous ! Quelle surprise ! Que venez-vous faire céans ?

Cléante

Savoir ma destinée, parler à l’aimable Angélique, consulter les sentiments de son cœur, et lui demander ses résolutions sur ce mariage fatal dont on m’a averti.

Toinette

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ACTE IV, Scène VI

DOM JUAN, DONE ELVIRE, RAGOTIN, SGANARELLE.

RAGOTIN: Monsieur, voici une dame voilée qui vient vous parler.

DOM JUAN: Que pourrait-ce être ?

SGANARELLE: Il faut voir.

DONE ELVIRE: Ne soyez point surpris, Dom Juan, de me voir à cette heure et dans cet équipage. C’est un motif pressant qui m’oblige à cette visite, et ce que j’ai à vous dire ne veut point du tout de retardement. Je ne viens point ici pleine de ce courroux que j’ai tantôt fait éclater, et vous me voyez bien changée de ce que j’étais ce matin. Ce n’est plus cette Done Elvire qui faisait des vœux contre vous, et dont l’âme irritée ne jetait que menaces et ne respirait que vengeance. Le Ciel a banni de mon âme toutes ces indignes ardeurs que je sentais pour vous, tous ces transports tumultueux d’un attachement criminel, tous ces honteux emportements d’un amour terrestre et grossier; et il n’a laissé dans mon cœur pour vous qu’une flamme épurée de tout le commerce des sens, une tendresse toute sainte, un amour détaché de tout, qui n’agit point pour soi, et ne se met en peine que de votre intérêt.

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Le Bourgeois gentilhomme ACTE IV Scène II

Le Bourgeois gentilhomme par Molière

Madame Jourdain, Monsieur Jourdain, Dorante, Dorimène, Musiciens, Musiciennes, Laquais.

Madame Jourdain

Ah ! ah ! je trouve ici bonne compagnie, et je vois bien qu’on ne m’y attendait pas. C’est donc pour cette belle affaire-ci, Monsieur mon mari, que vous avez eu tant d’empressement à m’envoyer dîner chez ma sœur ? Je viens de voir un théâtre là-bas, et je vois ici un banquet à faire noces. Voilà comme vous dépensez votre bien, et c’est ainsi que vous festinez les dames en mon absence, et que vous leur donnez la musique et la comédie, tandis que vous m’envoyez promener ?

Dorante

Que voulez-vous dire, Madame Jourdain ? et quelles fantaisies sont les vôtres, de vous aller mettre en tête que votre mari dépense son bien, et que c’est lui qui donne ce régal à Madame ? Apprenez que c’est moi, je vous prie; qu’il ne fait seulement que me prêter sa maison, et que vous devriez un peu mieux regarder aux choses que vous dites.
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