Romans Jules Verne

Voyage au centre de la Terre

Chapitre XXIV

Le lendemain nous avions déjà oublié nos douleurs passées. Je m’étonnai tout d’abord de n’avoir plus soif, et j’en demandai la raison. Le ruisseau qui coulait à mes pieds en murmurant se chargea de me répondre.

On déjeuna et l’on but de cette excellente eau ferrugineuse. Je me sentais tout ragaillardi et décidé à aller loin. Pourquoi un homme convaincu comme mon oncle ne réussirait-il pas, avec un guide industrieux comme Hans, et un neveu “ déterminé ” comme moi ? Voilà les belles idées qui se glissaient dans mon cerveau ! On m’eût proposé de remonter à la cime du Sneffels que j’aurais refusé avec indignation. Lire la suite...

Chapitre XXV

Je me réveillai donc, le dimanche matin, sans cette préoccupation habituelle d’un départ immédiat. Et, quoique ce fût au plus profond des abîmes, cela ne laissait pas d’être agréable. D’ailleurs, nous étions faits à cette existence de troglodytes. Je ne pensais guère au soleil, aux étoiles, à la lune, aux arbres, aux maisons, aux villes, à toutes ces superfluités terrestres dont l’être sublunaire s’est fait une nécessité. En notre qualité de fossiles, nous faisions fi de ces inutiles merveilles.

La grotte formait une vaste salle. Sur son sol granitique coulait doucement le ruisseau fidèle. À une pareille distance de sa source, Lire la suite...

Chapitre XXVI

Il faut l’avouer, les choses jusqu’ici se passaient bien, et j’aurais eu mauvaise grâce à me plaindre. Si la “ moyenne ” des difficultés ne s’accroissait pas, nous ne pouvions manquer d’atteindre notre but. Et quelle gloire alors ! J’en étais arrivé à faire ces raisonnements à la Lidenbrock. Sérieusement. Cela tenait-il au milieu étrange dans lequel je vivais ? Peut-être.

Pendant quelques jours, des pentes plus rapides, quelques-unes même d’une effrayante verticalité, nous engagèrent profondément dans le massif interne. Par certaines journées, on gagnait une lieue et Lire la suite...

Chapitre XXVII

Je ne puis peindre mon désespoir. Nul mot de la langue humaine ne rendrait mes sentiments. J’étais enterré vif, avec la perspective de mourir dans les tortures de la faim et de la soif.

Machinalement je promenai mes mains brûlantes sur le sol. Que ce roc me sembla desséché !

Mais comment avais-je abandonné le cours du ruisseau ? Car, enfin, il n’était plus là ! Je compris alors la raison de ce silence étrange, quand j’écoutai pour la dernière fois si quelque appel de mes compagnons ne parviendrait pas à mon oreille. Ainsi, au moment où mon premier pas s’engagea dans la route imprudente, je ne Lire la suite...

Chapitre XXVIII

Quand je revins à la vie, mon visage était mouillé, mais mouillé de larmes. Combien dura cet état d’insensibilité, je ne saurais le dire. Je n’avais plus aucun moyen de me rendre compte du temps. Jamais solitude ne fut semblable à la mienne, jamais abandon si complet !

Après ma chute, j’avais perdu beaucoup de sang. Je m’en sentais inondé ! Ah ! combien je regrettai de n’être pas mort ” et que ce fût encore à faire ! ” Je ne voulais plus penser. Je chassai toute idée et, vaincu par la douleur, je me roulai près de la paroi opposée. Lire la suite...

Chapitre XXIX

Lorsque je revins à moi, j’étais dans une demi-obscurité, étendu sur d’épaisses couvertures. Mon oncle veillait, épiant sur mon visage un reste d’existence. À mon premier soupir il me prit la main; à mon premier regard il poussa un cri de joie.

” Il vit ! il vit ! s’écria-t-il.

— Oui, répondis-je d’une voix faible.

— Mon enfant, fit mon oncle en me serrant sur sa poitrine, te voila sauvé ! ” Lire la suite...

Chapitre XXX

D’abord je ne vis rien. Mes yeux, déshabitués de la lumière, se fermèrent brusquement. Lorsque je pus les rouvrir, je demeurai encore plus stupéfait qu’émerveillé.

” La mer ! m’écriai-je.

— Oui, répondit mon oncle, la mer Lidenbrock; et, j’aime à le penser, aucun navigateur ne me disputera l’honneur de l’avoir découverte et le droit de la nommer de mon nom ! ” Lire la suite...

Chapitre XXXI

Le lendemain je me réveillai complètement guéri. Je pensai qu’un bain me serait très salutaire, et j’allai me plonger pendant quelques minutes dans les eaux de cette Méditerranée. Ce nom, à coup sûr, elle le méritait entre tous.

Je revins déjeuner avec un bel appétit. Hans s’entendait à cuisiner notre petit menu; il avait de l’eau et du feu à sa disposition, de sorte qu’il put varier un peu notre ordinaire.

Au dessert, il nous servit quelques tasses de café, et jamais ce délicieux breuvage ne me parut plus agréable à déguster. Lire la suite...

Chapitre XXXII

Le 13 août, on se réveilla de bon matin. Il s’agissait d’inaugurer un nouveau genre de locomotion rapide et peu fatigant.

Un mât fait de deux bâtons jumelés, une vergue formée d’un troisième, une voile empruntée à nos couvertures, composaient tout le gréement du radeau. Les cordes ne manquaient pas. Le tout était solide.

À six heures, le professeur donna le signal d’embarquer. Les vivres, les bagages, les instruments, les armes et une notable quantité d’eau douce se trouvaient en place. Lire la suite...

Chapitre XXXIII

Samedi 15 août. — La mer conserve sa monotone uniformité. Nulle terre n’est en vue. L’horizon parait excessivement reculé.

J’ai la tête encore alourdie par la violence de mon rêve.

Mon oncle n’a pas rêvé, lui, mais il est de mauvaise humeur; il parcourt tous les points de l’espace avec sa lunette et se croise les bras d’un air dépité.

Je remarque que le professeur Lidenbrock tend à redevenir l’homme impatient du passé, et je consigne le fait sur mon journal. Il a fallu mes dangers et mes souffrances pour tirer de lui quelque Lire la suite...

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