Fables Jean de la Fontaine

Les fables Livre 6

Jupiter eut jadis une ferme à donner.
Mercure en fit l’annonce, et gens se présentèrent,
Firent des offres, écoutèrent :
Ce ne fut pas sans bien tourner ;
L’un alléguait que l’héritage
Était frayant et rude, et l’autre un autre si.
Pendant qu’ils marchandaient ainsi,
Un d’eux, le plus hardi, mais non pas le plus sage,
Promit d’en rendre tant, pourvu que Jupiter
Le laissât disposer de l’air, Lire la suite...
Borée et le soleil virent un voyageur
Qui s’était muni par bonheur
Contre le mauvais temps. On entrait dans l’automne,
Quand la précaution aux voyageurs est bonne :
Il pleut, le soleil luit, et l’écharpe d’Iris
Rend ceux qui sortent avertis
Qu’en ces mois le manteau leur est fort nécessaire;
Les Latins les nommaient douteux, pour cette affaire.
Notre homme s’était donc à la pluie attendu :
Bon manteau bien doublé, bonne étoffe bien forte. Lire la suite...
Un fanfaron, amateur de la chasse,
Venant de perdre un chien de bonne race,
Qu’il soupçonnait dans le corps d’un lion,
Vit un berger : «Enseigne-moi, de grâce,
De mon voleur, lui dit-il, la maison,
Que de ce pas, je me fasse raison.»
Le berger dit : «C’est vers cette montagne.
En lui payant de tribut un mouton
Par chaque mois, j’erre dans la campagne
Comme il me plaît, et je suis en repos.» Lire la suite...
Les fables ne sont pas ce qu’elles semblent être ;
Le plus simple animal nous y tient lieu de maître.
Une morale nue apporte de l’ennui :
Le conte fait passer le précepte avec lui.
En ces sortes de feinte il faut instruire et plaire,
Et conter pour conter me semble peu d’affaire.
C’est par cette raison qu’égayant leur esprit,
Nombre de gens fameux en ce genre ont écrit.
Tous ont fui l’ornement et le trop d’étendue.
On ne voit point chez eux de parole perdue. Lire la suite...

Les fables Livre 5

De la peau du lion l’âne s’étant vêtu,
Était craint partout à la ronde;
Et bien qu’animal sans vertu,
Il faisait trembler tout le monde.
Un petit bout d’oreille échappé par malheur
Découvrit la fourbe et l’erreur :
Martin fit alors son office.
Ceux qui ne savaient pas la ruse et la malice
S’étonnaient de voir que Martin
Chassât les lions au moulin.

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Deux compagnons, pressés d’argent,
A leur voisin fourreur vendirent
La peau d’un ours encor vivant,
Mais qu’ils tueraient bientôt, du moins agrave; ce qu’ils dirent.
C’était le roi des ours, au compte de ces gens.
Le marchand à sa peau devait faire fortune ;
Elle garantirait des froids les plus cuisants :
On en pourrait fourrer plutôt deux robes qu’une.
Dindenaut prisait moins ses moutons qu’eux leur ours :
Leur, à leur compte, et non à celui de la bête. Lire la suite...
Le lion dans sa tête avait une entreprise :
Il tint conseil de guerre, envoya ses prévôts,
Fit avertir les animaux.
Tous furent du dessein, chacun selon sa guise :
L’éléphant devait sur son dos
Porter l’attirail nécessaire,
Et combattre à son ordinaire;
L’ours, s’apprêter pour les assauts;
Le renard, ménager de secrètes pratiques;
Et le singe, amuser l’ennemi par ses tours. Lire la suite...

L’aigle et le chat-huant leurs querelles cessèrent,
Et firent tant qu’ils s’embrassèrent.
L’un jura foi de roi, l’autre foi de hibou,
Qu’ils ne se goberaient leurs petits peu ni prou.
«Connaissez-vous les miens ? dit l’oiseau de Minerve.
– Non, dit l’aigle. – Tant pis, reprit le triste oiseau :
Je crains en ce cas pour leur peau :
C’est hasard si je les conserve.
Comme vous êtes roi, vous ne considérez

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Il ne se faut jamais moquer des misérables,
Car qui peut s’assurer d’être toujours heureux ?
Le sage Ésope dans ses fables
Nous en donne un exemple ou deux.
Celui qu’en ces vers je propose,
Et les siens, ce sont même chose.
Le lièvre et la perdrix, concitoyens d’un champ,
Vivaient dans un état, ce semble, assez tranquille,
Quand une meute s’approchant
Oblige le premier à chercher un asile : Lire la suite...
On conte qu’un serpent, voisin d’un horloger
(C’était pour l’horloger un mauvais voisinage),
Entra dans sa boutique, et, cherchant à manger,
N’y rencontra pour tout potage
Qu’une lime d’acier, qu’il se mit à ronger.
Cette lime lui dit, sans se mettre en colère :
“Pauvre ignorant ! et que prétends-tu faire ?
Tu te prends à plus dur que toi.
Petit serpent à tête folle,
Plutôt que d’emporter de moi

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