L’École des femmes Acte IV Scène 7

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L’École des femmes Acte IV Scène 7

L’École des femmes écrite par Molière

Arnolphe

Arnolphe.

Quoi ? l’astre qui s’obstine à me désespérer

Ne me donnera pas le temps de respirer ?

Coup sur coup je verrai, par leur intelligence,

De mes soins vigilants confondre la prudence ?

Et je serai la dupe, en ma maturité,

D’une jeune innocente et d’un jeune éventé ?

En sage philosophe on m’a vu, vingt années,

Contempler des maris les tristes destinées,

Et m’instruire avec soin de tous les accidents

Qui font dans le malheur tomber les plus prudents;

Des disgrâces d’autrui profitant dans mon âme,

J’ai cherché les moyens, voulant prendre une femme,

De pouvoir garantir mon front de tous affronts,

Et le tirer de pair d’avec les autres fronts.

Pour ce noble dessein, j’ai cru mettre en pratique

Tout ce que peut trouver l’humaine politique;

Et comme si du sort il était arrêté

Que nul homme ici-bas n’en serait exempté,

Après l’expérience et toutes les lumières

Que j’ai pu m’acquérir sur de telles matières,

Après vingt ans et plus de méditation

Pour me conduire en tout avec précaution,

De tant d’autres maris j’aurais quitté la trace

Pour me trouver après dans la même disgrâce ?

Ah ! bourreau de destin, vous en aurez menti.

De l’objet qu’on poursuit je suis encor nanti;

Si son cœur m’est volé par ce blondin funeste,

J’empêcherai du moins qu’on s’empare du reste,

Et cette nuit, qu’on prend pour le galant exploit,

Ne se passera pas si doucement qu’on croit.

Ce m’est quelque plaisir, parmi tant de tristesse,

Que l’on me donne avis du piége qu’on me dresse,

Et que cet étourdi, qui veut m’être fatal,

Fasse son confident de son propre rival.

L’École des femmes Acte IV Scène 7

Une pièce de Théâtre de Molière



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