Poésie Alphonse Beauregard

Les Alternances

Ô Mort, j’ai connu la souffrance
De sentir le vide et le noir
Arracher d’un seul coup de gueule mon espoir.
Alors dans la ville j’errai,
Me demandant pourquoi le bruit et les lumières,
Pourquoi la foule en mouvement,

Et rien ne parvenait à mon entendement.
J’étais comme un esprit soudain désincarné
Que plus rien ne relie aux hommes;
Je m’approchais de mes amis, je leur parlais

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Toi, femme âprement désirée,
Provocante et rieuse et souple et concentrée,
Qui torturas mes nuits en affolant mes jours,
A peine sur mon bras ta main fut-elle dure,
A peine eus-je saisi l’intention d’amour,
Que se dessina la figure
D’un avenir discret, simple, sentimental
Triste, passionné, bizarre, théâtral.
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Toi, Mal, dont l’homme a fait son fardeau périlleux
Pour ne pas condamner l’ouvrage de ses Dieux,
Si tu n’allumais pas les convoitises rouges
Dans les mille regards qui sur les choses bougent;
Si tu n’assaillais pas la lande et la cité,
Hérissé d’égoïsme et de fatalité,
Comment l’homme irait-il, aveugle, sans indice,
Par delà la nature adorer la justice?

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Le passé me disait : Laisse là cette femme
Sinon tu connaîtras le dégoût de mentir,
L’abjection de la querelle et du faux drame,
La lutte entre l’esprit et la chair qui réclame,
Et jusqu’aux bas calculs pour la faire souffrir.
Ton âme qui pour croître a besoin de pensée

Et cherche, en l’appelant du mot bonheur, son pain,
Ton âme qui respire autour de toi, forcée
De vivre en cet infect marécage enfoncée,
Se gonflera d’un suc violent et malsain.

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Le dernier dieu
Or, le sage, parti dès son adolescence
Pour juger les flambeaux qui le devaient guider,
Savait à quel néant marche la connaissance
Et confondait la vérité d’une croyance
Avec l’or, qui vaudra ce qu’on a décidé.

Les dieux que la pensée humaine, en son ornière,
Conçut et projeta dans le calme irréel,
Les dieux dont elle attend un rayon de lumière
Quand la souffrance abat l’orgueil sous sa lanière,
Le sage mesurait, en passant, leur autel.

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Dans la foule aux replis profonds, l’homme et la femme,
Se voyant, ont croisé le regard qui proclame
Une mystérieuse affinité de l’âme.

La conversation habile a dessiné
Un passé de droiture où des malheurs sont nés;
A se chérir ils se sont vus prédestinés.

Émoi de se sentir, par cet amour, renaître.
Indicibles baisers irradiant tout l’être.
Sourires dans les yeux qu’une langueur pénètre.
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Soldat qui te repeins les images aimées
Et d’avance te vois, un jour sanglant et beau,
Débordant, le premier, sabre au poing, le coteau
Où pivote un remous formidable d’armées;
–    Peut-être mourras-tu d’un obscur coup de feu,
Un soir de combat malheureux.

Apôtre qui n’entends de tous bruits que les plaintes
Et qui, pour adoucir l’immortelle douleur,
Consumas ta jeunesse ivre d’humain bonheur,
Comme un cierge allumé devant la table sainte;

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Simples ou parées, quelques qu’elles soient.
Les lettres que nous envoyons aux femmes,
Les lettres de désir et d’amour et d’espoir,
C’est notre moi qui s’évade,
Ce sont des êtres
Qui, de toutes leurs cellules, les mots,
Vont frapper les nerfs, le coeur, le cerveau,
Créer de la vie étrange, inattendue.

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Le noir espace, beau pour une occulte fête,
A, pour moi, recueilli la vie et la répète
En des formes qu’agite un frisson d’océan.
Dans cette irruption d’images se créant,
Peu à peu se dessine une énorme cohue
Qui se démène, lutte et vers l’argent se rue,

Pour garder plus longtemps, sous le ciel angoissé,
Le don prodigieux de vivre et de penser.
Puis cette multitude, aux gestes frénétiques
Si divers et pourtant par leur but identiques,

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Ai-je voulu ma vie assez libre et changeante,
Pleine d’amour, de bruit, de départs et de jeu?
L’ai-je nourrie assez de labeurs, de tourmentes,
De quadrilles parmi les passions hurlantes
Et de courses vaguant des bas-fonds jusqu’à Dieu?

J’allais prophétisant : Je pourrai, les jours fades,
Susciter des jardins complets de souvenirs
Et m’arrêter, pensif, à chacun de mes stades.
Ému, je reverrai les espoirs et les rades,
Dans les matins flambants, s’estomper et grandir.

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