Les Regrets

Le Breton est savant et sait fort bien écrire
En français et toscan, en grec et en romain,
Il est en son parler plaisant et fort humain,
Il est bon compagnon et dit le mot pour rire.

Il a bon jugement et sait fort bien élire
Le blanc d’avec le noir: il est bon écrivain,
Et pour bien compasser une lettre à la main,
Il y est excellent autant qu’on saurait dire.
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Cependant que tu suis le lièvre par la plaine,
Le sanglier par les bois et le milan par l’air,
Et que voyant le sacre ou l’épervier voler,
Tu t’exerces le corps d’une plaisante peine,

Nous autres malheureux suivons la cour romaine,
Ou, comme de ton temps, nous n’oyons plus parler
De rire, de sauter, de danser et baller,
Mais de sang, et de feu, et de guerre inhumaine.
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Baïf, qui, comme moi, prouves l’adversité,
Il n’est pas toujours bon de combattre l’orage,
Il faut caler la voile, et de peur du naufrage
Céder à la fureur de Neptune irrité.

Mais il ne faut aussi par crainte et vilité
S’abandonner en proie: il faut prendre courage,
Il faut feindre souvent l’espoir par le visage,
Et faut faire vertu de la nécessité.
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Montigné (car tu es aux procès usité)
Si quelqu’un de ces dieux, qui ont plus de puissance,
Nous promit de tous biens paisible jouissance,
Nous obligeant par Styx toute sa déité,

Il s’est mal envers nous de promesse acquitté,
Et devant Jupiter en devons faire instance:
Mais si l’on ne peut faire aux Parques résistance,
Qui jugent par arrêt de la fatalité,
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Maraud, qui n’es maraud que de nom seulement,
Qui dit que tu es sage, il dit la vérité:
Mais qui dit que le soin d’éviter pauvreté
Te ronge le cerveau, ta face le dément.

Celui vraiment est riche et vit heureusement
Qui, s’éloignant de l’une et l’autre extrémité,
Prescrit à ses désirs un terme limité:
Car la vraye richesse est le contentement.
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Vivons, Gordes, vivons, vivons, et pour le bruit
Des vieillards ne laissons à faire bonne chère:
Vivons, puisque la vie est si courte et si chère,
Et que même les rois n’en ont que l’usufruit.

Le jour s’éteint au soir, et au matin reluit,
Et les saisons refont leur course coutumière:
Mais quand l’homme a perdu cette douce lumière,
La mort lui fait dormir une éternelle nuit.
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Si les larmes servaient de remède au malheur,
Et le pleurer pouvait la tristesse arrêter,
On devrait, Seigneur mien, les larmes acheter,
Et ne se trouverait rien si cher que le pleur.

Mais les pleurs en effet sont de nulle valeur:
Car soit qu’on ne se veuille en pleurant tourmenter,
Ou soit que nuit et jour on veuille lamenter,
On ne peut divertir le cours de la douleur.
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Mauny, prenons en gré la mauvaise fortune,
Puisque nul ne se peut de la bonne assurer,
Et que de la mauvaise on peut bien espérer,
Etant son naturel de n’être jamais une.

Le sage nocher craint la faveur de Neptune,
Sachant que le beau temps longtemps ne peut durer:
Et ne vaut-il pas mieux quelque orage endurer,
Que d’avoir toujours peur de la mer importune?
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Sortons, Dilliers, sortons, faisons place à l’envie,
Et fuyons désormais ce tumulte civil,
Puisqu’on y voit priser le plus lâche et plus vil,
Et la meilleure part être la moins suivie.

Allons où la vertu et le sort nous convie,
Dussions-nous voir le Scythe ou la source du Nil,
Et nous donnons plutôt un éternel exil,
Que tacher d’un seul point l’honneur de notre vie.
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Si après quarante ans de fidèle service
Que celui que je sers a fait en divers lieux,
Employant, libéral, tout son plus et son mieux
Aux affaires qui sont de plus digne exercice,

D’un haineux étranger l’envieuse malice
Exerce contre lui son courage odieux,
Et sans avoir souci des hommes ni des dieux,
Oppose à la vertu l’ignorance et le vice,

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