Champêtres et lointains quartiers, je vous préfère Sans doute par les nuits d’été, quand l’atmosphère S’emplit de l’odeur forte et tiède des jardins ; Mais j’aime aussi vos bals en plein vent d’où, soudains,
C’est un boudoir meublé dans le goût de l’Empire, Jaune, tout en velours d’Utrecht. On y respire Le charme un peu vieillot de l’Abbaye-aux-Bois : Croix d’honneur sous un verre et petits meubles droits, Deux portraits, – une dame en turban qui regarde
Quand sont finis le feu d’artifice et la fête, Morne comme une armée après une défaite, La foule se disperse. Avez-vous remarqué Comme est silencieux ce peuple fatigué ?
Un rêve de bonheur qui souvent m’accompagne, C’est d’avoir un logis donnant sur la campagne, Près des toits, tout au bout du faubourg prolongé, Où je vivrais ainsi qu’un ouvrier rangé.
Vous en rirez. Mais j’ai toujours trouvé touchants Ces couples de pioupious qui s’en vont par les champs, Côte à côte, épluchant l’écorce de baguettes Qu’ils prirent aux bosquets des prochaines guinguettes.
N’êtes-vous pas jaloux en voyant attablés, Dans un gai cabaret entre deux champs de blés, Les soirs d’été, des gens du peuple sous la treille ? Moi, devant ces amants se parlant à l’oreille Et que ne gêne pas le père, tout entier
Le soir, au coin du feu, j’ai pensé bien des fois À la mort d’un oiseau, quelque part, dans les bois. Pendant les tristes jours de l’hiver monotone, Les pauvres nids déserts, les nids qu’on abandonne,
J’adore la banlieue avec ses champs en friche Et ses vieux murs lépreux, où quelque ancienne affiche Me parle de quartiers dès longtemps démolis. Ô vanité ! Le nom du marchand que j’y lis
C’est vrai, j’aime Paris d’une amitié malsaine ; J’ai partout le regret des vieux bords de la Seine. Devant la vaste mer, devant les pics neigeux, Je rêve d’un faubourg plein d’enfance et de jeux, D’un coteau tout pelé d’où ma Muse s’applique
Prisonnier d’un bureau, je connais le plaisir De goûter, tous les soirs, un moment de loisir. Je rentre lentement chez moi, je me délasse Aux cris des écoliers qui sortent de la classe ; Je traverse un jardin, où j’écoute, en marchant,