La mare au diable

Malgré Le Froid

La petite Marie ne parut pas faire d’autre attention aux paroles bizarres de l’enfant que de les regarder comme une preuve d’amitié; elle l’enveloppa avec soin, ranima le feu et, comme le brouillard endormi sur la mare voisine ne paraissait nullement près de s’éclaircir, elle conseilla à Germain de s’arranger auprès du feu pour faire un somme.

— Je vois que cela vous vient déjà, lui dit-elle, car vous ne dites plus mot et vous regardez la braise comme votre petit faisait tout à l’heure. Allons, dormez, je veillerai à l’enfant et à vous.
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A La Belle Etoile

Pour le coup, j’y renonce ! dit Germain en frappant du pied. On nous a jeté un sort, c’est bien sûr, et nous ne sortirons d’ici qu’au grand jour. Il faut que cet endroit soit endiablé.

— Allons, allons, ne nous fâchons pas, dit Marie, et prenons-en notre parti. Nous ferons un plus grand feu, l’enfant est si bien enveloppé qu’il ne risque rien, et pour passer une nuit dehors nous n’en mourrons point. Où avez-vous caché la bâtine, Germain ? Au milieu des houx, grand étourdi ! C’est commode pour aller la reprendre !
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La Lionne Du Village

Cependant, quand il eut réparé le désordre du voyage dans ses vêtements et dans l’équipage de son cheval, quand il fut monté sur la Grise et qu’on lui eut indiqué le chemin de Fourche, il pensa qu’il n’y avait plus à reculer et qu’il fallait oublier cette nuit d’agitations comme un rêve dangereux.

Il trouva le père Léonard au seuil de sa maison blanche, assis sur un beau banc de bois peint en vert épinard. Il y avait six marches de pierre disposées en perron, ce qui faisait voir que la maison avait une cave. Le mur du jardin et de la chènevière était crépi à chaux et à sable. C’était une belle habitation; il s’en fallait de peu qu’on ne la prît pour une maison de bourgeois.
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Le Maître

Lorsqu’ils atteignirent le village, la veuve s’arrêta pour les attendre. Elle voulait absolument faire son entrée avec tout son monde; mais Germain, lui refusant cette satisfaction, quitta le père Léonard, accosta plusieurs personnes de sa connaissance et entra dans l’église par une autre porte. La veuve en eut du dépit.

Après la messe, elle se montra partout triomphante sur la pelouse où l’on dansait, et ouvrit la danse avec ses trois amoureux successivement. Germain la regarda faire et trouva qu’elle dansait bien, mais avec affectation.
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La Vieille

Germain se retrouva bientôt à l’endroit où il avait passé la nuit au bord de la mare. Le feu fumait encore; une vieille femme ramassait le reste de la provision de bois mort que la petite Marie y avait entassée. Germain s’arrêta pour la questionner. Elle était sourde et, se méprenant sur ses interrogations:

— Oui, mon garçon, dit-elle, c’est ici la Mare au Diable. C’est un mauvais endroit et il ne faut pas en approcher sans jeter trois pierres dedans de la main gauche, en faisant le signe de la croix de la main droite: ça éloigne les esprits. Autrement il arrive des malheurs à ceux qui en font le tour.
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Le Retour A La Ferme

Au bout d’un quart d’heure ils avaient franchi les brandes. Ils trottaient sur la grand-route, et la Grise hennissait à chaque objet de sa connaissance. Petit-Pierre racontait à son père ce qu’il avait pu comprendre dans ce qui s’était passé.

— Quand nous sommes arrivés, dit-il, cet homme-là est venu pour parler à ma Marie dans la bergerie où nous avions été tout de suite, pour voir les beaux moutons. Moi, j’étais monté dans la crèche pour jouer et cet homme-là ne me voyait pas. Alors il a dit bonjour à ma Marie et il l’a embrassée.
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La Mère Maurice

Un jour, la mère Maurice se trouvant seule dans le verger avec Germain, lui dit d’un air d’amitié: ” Mon pauvre gendre, je crois que vous n’êtes pas bien. Vous ne mangez pas aussi bien qu’à l’ordinaire, vous ne riez plus, vous causez de moins en moins. Est-ce que quelqu’un de chez nous, ou nous-mêmes, sans le savoir et sans le vouloir, vous avons fait de la peine ?

— Non, ma mère, répondit Germain, vous avez toujours été aussi bonne pour moi que la mère qui m’a mis au monde, et je serais un ingrat si je me plaignais de vous, ou de votre mari, ou de personne de la maison.
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La Petite Marie

Enfin, le dimanche matin, au sortir de la messe, sa belle-mère lui demanda ce qu’il avait obtenu de sa bonne amie depuis la conversation dans le verger.

— Mais, rien du tout, répondit-il. Je ne lui ai pas parlé.

— Comment donc voulez-vous la persuader si vous ne lui parlez pas ?

— Je ne lui ai parlé qu’une fois, répondit Germain. C’est quand nous avons été ensemble à Fourche; et, depuis ce temps-là, je ne lui ai pas dit un seul mot. Son refus m’a fait tant de peine que j’aime mieux ne pas l’entendre recommencer à me dire qu’elle ne m’aime pas. Lire la suite...

Les noces de campagne

Ici finit l’histoire du mariage de Germain, telle qu’il me l’a racontée lui-même, le fin laboureur qu’il est ! Je te demande pardon, lecteur ami, de n’avoir pas su te la traduire mieux; car c’est une véritable traduction qu’il faut au langage antique et naïf des paysans de la contrée que je chante (comme on disait jadis). Ces gens-là parlent trop français pour nous, et, depuis Rabelais et Montaigne, les progrès de la langue nous ont fait perdre bien des vieilles richesses. Il en est ainsi de tous les progrès, il faut en prendre son parti. Mais c’est encore un plaisir d’entendre ces idiotismes pittoresques régner Lire la suite...

Les livrées

Quand tout ce monde fut réuni dans la maison, on ferma, avec le plus grand soin, les portes et les fenêtres; on alla même barricader la lucarne du grenier; on mit des planches, des tréteaux, des souches et des tables en travers de toutes les issues, comme si on se préparait à soutenir un siège; et il se fit dans cet intérieur fortifié un silence d’attente assez solennel, jusqu’à ce qu’on entendît au loin des chants, des rires, et le son des instruments rustiques. C’était la bande de l’épouseur, Germain en tête, accompagné de ses plus hardis compagnons, du fossoyeur, des parents, amis et serviteurs, qui formaient un joyeux et solide cortège. Lire la suite...

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