Poète Léon Dierx

Textes de Poésie

Couché sur le dos, dans le vert gazon, Je me baigne d'ombre et de quiétude. Mes yeux ont enfin perdu l'habitude Du spectacle humain qui clôt la prison Du vieil horizon.

Le ciel est loin ; les dieux sont sourds. Mais nos âmes sont immortelles ! La terre s'ouvre ; où s'en vont-elles ? Souffrirons-nous encor, toujours ?

A Catulle Mendès. Un long frisson descend des coteaux aux vallées ; Des coteaux et des bois, dans la plaine et les champs, Le frisson de la nuit passe vers les allées. – Oh ! l'angelus du soir dans les soleils couchants ! – Sous une haleine froide au loin meurent les chants, Les rires…

J'ai détourné mes yeux de l'homme et de la vie, Et mon âme a rôdé sous l'herbe des tombeaux. J'ai détrompé mon coeur de toute humaine envie, Et je l'ai dispersé dans les bois par lambeaux.

Beaux yeux, charmeurs savants, flambeaux de notre vie, Parfum, grâce, front pur, bouche toujours ravie, Ô vous, tout ce qu'on aime ! ô vous, tout ce qui part ! Non, rien ne meurt de vous pour l'âme inassouvie Quand vous laissez la nuit refermer son rempart Sur l'idéal perdu qui va luire autre part.

 Rythme des robes fascinantes, Qui vont traînantes, Balayant les parfums au vent, Ou qu'au-dessus des jupes blanches Un pas savant Balance et gonfle autour des hanches !

Tout se tait maintenant dans la ville. Les rues Ne retentissent plus sous les lourds tombereaux. Le gain du jour compté, victimes et bourreaux S'endorment en rêvant aux richesses accrues ; Plus de lampe qui luise à travers les carreaux.

La jeunesse est un arbre aux larges frondaisons, Mancenillier vivace aux fruits inaccessibles ; Notre âme et notre coeur sont les vibrantes cibles De ces rameaux aigus d'où suintent les poisons.

Songe horrible ! – la foule innombrable des âmes M'entourait. Immobile et muet, devant nous, Beau comme un dieu, mais triste et pliant les genoux, L'ancêtre restait loin des hommes et des femmes.

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