Stèles

Poésies Victor Segalen

O fourberie d’une amitié parfaite ! Sonorités sournoises d’un
double écho de l’un à l’autre coeur !

Nous aimions, nous décidions en la même confiance : l’un à
l’autre fidèles en termes plus clairs que le grand ciel sec de
l’hiver.

Las ! le mauvais printemps est venu, et le vent trouble et le
sable en tourmente jaune. J’avais promis,

Je n’ai pas tenu. L’écho s’étouffe. C’est fini. – Ce jour glorieux
d’abandon, ah ! que n’ai-je été dur et sourd et sans paroles !

O générosité fourbe, jade faux blessant au coeur plus que
l’indifférence au coeur de porcelaine !

 

Victor Segalen

Ville au bout de la route et route prolongeant la ville : ne
choisis donc pas l’une ou l’autre, mais l’une et l’autre bien
alternées.

Montagne encerclant ton regard le rabat et le contient que la
plaine ronde libère. Aime à sauter roches et marches ; mais
caresse les dalles où le pied pose bien à plat.

Repose-toi du son dans le silence, et, du silence, daigne
revenir au son. Seul si tu peux, si tu sais être seul, déverse-
toi parfois jusqu’à la foule.
Lire la suite...

La raison ne s’offense pas : certainement une vierge occidentale
a conçu, voici deux mille années, puisque deux mille ans avant
elle, Kiang-yuan, fille sans défaut, devint mère parmi nous :
ayant marché sur l’empreinte du Souverain Roi du Ciel.

Et enfanta aussi légèrement que la brebis son agneau, sans rupture
ni grands efforts. Même le nouveau-né se trouva recueilli par un
oiseau qui d’une aile faisait sa couche et de l’autre l’éventait.
Lire la suite...

Magistrats ! dévouez aux épouses vos arcs triomphaux. Enjambez
les routes avec la louange des veuves obstinées. Usez du ciment,
du faux marbre et de la boue séchée pour dresser les mérites de
ces dames respectables, – c’est votre emploi.Je garde le mien qui est d’offrir à une autre un léger tribut de
paroles, une arche de buée dans les yeux, un palais trouble
dansant au son du coeur et de la mer.
Lire la suite...
Du Père à son fils, l’affection. Du Prince au sujet, la justice.
Du frère cadet à l’aîné, la subordination. D’un ami à son ami,
toute la confiance, l’abandon, la similitude.*Mais pour elle, – de moi vers elle, – oserai-je dire et observer !Elle, qui retentit plus que tout ami en moi ; que j’appelle soeur
aînée délicieuse ; que je sers comme Princesse, – ô mère de tous
les élans de mon âme.Je lui dois par nature et destinée la stricte relation de distance,
d’extrême et de diversité.

 

Un poème de Victor Segalen

A lui complaire j’ai vécu ma vie. Touchant au bout extrême de
mes forces, je cherche encore à imaginer quoi pour lui complaire :Elle aime à déchirer la soie : je lui donnerai cent pieds de
tissu sonore. Mais ce cri n’est plus assez neuf.Elle aime à voir couler le vin et des gens qui s’enivrent :
mais le vin n’est pas assez âcre et ces vapeurs ne l’étourdi-
ssent plus.
Lire la suite...
Mon amante a les vertus de l’eau : un sourire clair, des gestes
coulants, une voix pure et chantant goutte à goutte.Et quand parfois, malgré moi – du feu passe dans mon regard,
elle sait comment on l’attise en frémissant : eau jetée sur les
charbons rouges.*
Lire la suite...
Je frappe les dalles. J’en éprouve la solidité. J’en écoute la sonorité.
Je me sens ferme et satisfait.J’embrasse les colonnes. Je mesure leur jet, la portée, le nombre et
la plantation. je me sens clos et satisfait.Me renversant, cou tendu, nuque douloureuse, je marche du regard
sur le parvis inverse et je sens mes épaules riches d’un lourd habit
cérémonieux, aux plis carrés, à la forte charpente.
Lire la suite...
Si tu es homme, ne lis pas plus loin : la douleur que je porte est si vaste et grave que ton coeur en étoufferait.
Si tu es Chenn, détourne-toi plus vite encore : l’horreur que je signale te rendrait lourd comme ma pierre.
Si tu es femme, hardiment lis-moi pour éclater de rire, et oublie à jamais de t’arrêter de rire,Mais si tu sers comme eunuque au Palais, affronte-moi sans danger ni rancune, et garde le secret que je dis.

Un poème de Victor Segalen

Tu seras priée de sourires, de regards et de certains abandons,
et d’offrandes que tu repousses par principe, jeune fille
encore ;Tu seras implorée de dire quoi tu veux, ce dont tu as soif,
les parures à ton gré, – rouges linges nuptiaux, poèmes, chants
et sacrifices…*
Lire la suite...

Réalisation : www.redigeons.com - https://www.webmarketing-seo.fr/