Poèmes saturniens

Les petits ifs du cimetière Frémissent au vent hiémal, Dans la glaciale lumière. Avec des bruits sourds qui font mal, Les croix de bois des tombes neuves Vibrent sur un ton anormal.

(MAHA-BARATTA.) Pour sauver son époux, Çavitrî fit le vœu De se tenir trois jours entiers, trois nuits entières, Debout, sans remuer jambes, buste ou paupières : Rigide, ainsi que dit Vyaça, comme un pieu.

Les violons mêlaient leur rire au chant des flûtes Et le bal tournoyait quand je la vis passer Avec ses cheveux blonds jouant sur les volutes De son oreille où mon Désir comme un baiser S'élançait et voulait lui parler, sans oser.

Il est grave : il est maire et père de famille. Son faux col engloutit son oreille. Ses yeux Dans un rêve sans fin flottent insoucieux, Et le printemps en fleurs sur ses pantoufles brille.

Belle " à damner les saints " , à troubler sous l'aumusse Un vieux juge ! Elle marche impérialement. Elle parle – et ses dents font un miroitement – Italien, avec un léger accent russe.

Le Chagrin qui me tue est ironique, et joint Le sarcasme au supplice, et ne torture point Franchement, mais picote avec un faux sourire Et transforme en spectacle amusant mon martyre, Et sur la bière où gît mon Rêve mi-pourri Beugle un De Profundis sur l'air du Traderi.

Elle jouait avec sa chatte, Et c'était merveille de voir La main blanche et la blanche patte S'ébattre dans l'ombre du soir.

Comme un vol criard d'oiseaux en émoi, Tous mes souvenirs s'abattent sur moi, S'abattent parmi le feuillage jaune De mon coeur mirant son tronc plié d'aune Au tain violet de l'eau des Regrets Qui mélancoliquement coule auprès, S'abattent, et puis la rumeur mauvaise

La lune est rouge au brumeux horizon ; Dans un brouillard qui danse la prairie S'endort fumeuse, et la grenouille crie Par les joncs verts où circule un frisson ;

Réalisation : www.redigeons.com - https://www.webmarketing-seo.fr/