Poésie Paul Verlaine

Fêtes galantes

Fardée et peinte comme au temps des bergeries, Frêle parmi les nœuds énormes de rubans, Elle passe, sous les ramures assombries, Dans l’allée où verdit la mousse des vieux bancs, Avec mille façons et mille afféteries

– L’abbé divague. – Et toi, marquis, Tu mets de travers ta perruque. – Ce vieux vin de Chypre est exquis Moins, Carnargo, que votre nuque.

Pierrot qui n’a rien d’un Clitandre Vide un flacon sans plus attendre, Et, pratique, entame un pâté.

Votre âme est un paysage choisi Que vont charmant masques et bergamasques Jouant du luth et dansant et quasi Tristes sous leurs déguisements fantasques.  

Textes poétiques

À Jean Moréas

Murs blancs, toit rouge, c’est l’Auberge fraîche au bord
Du grand chemin poudreux où le pied brûle et saigne,
L’auberge gaie avec le Bonheur pour enseigne.
Vin bleu, pain tendre, et pas besoin de passeport.

Ici l’on fume, ici l’on chante, ici l’on dort.
L’hôte est un vieux soldat, et l’hôtesse qui peigne
Et lave dix marmots roses et pleins de teigne
Parle d’amour, de joie et d’aise, et n’a pas tort !
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Des yeux tout autour de la tête
Ainsi qu’il est dit dans Murger.
Point très bonne. Un esprit d’enfer
Avec des rires d’alouette.

Sculpteur, musicien, poète
Sont ses hôtes. Dieux quel hiver
Nous passâmes ! Ce fut amer
Et doux. Un sabbat ! Une fête !

Ses cheveux, noir tas sauvage où
Scintille un barbare bijou,

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Je suis né romantique et j’eusse été fatal
En un frac très étroit aux boutons de métal,
Avec ma barbe en pointe et mes cheveux en brosse.
Hablant espanol, très loyal et très féroce,
Œil idoine à œillade et chargé de défis.

Beautés mises à mal et bourgeois déconfits
Eussent bondé ma vie et soûlé mon coeur d’homme.
Pâle et jaune, d’ailleurs, et taciturne comme
Un infant scrofuleux dans un Escurial…
Et puis j’eusse été si féroce et si loyal !

 

Textes poétiques

Paul Verlaine

Ami, le temps n’est plus des guitares, des plumes,
Des créanciers, des duels hilares à propos
De rien, des cabarets, des pipes aux chapeaux
Et de cette gaîté banale où nous nous plûmes.

Voici venir, ami très tendre qui t’allumes
Au moindre dé pipé, mon doux briseur de pots,
Horatio, terreur et gloire des tripots,
Cher diseur de jurons à remplir cent volumes,

Voici venir parmi les brumes d’Elseneur
Quelque chose de moins plaisant, sur mon honneur,

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Jadis et naguère

Ce soir je m’étais penché sur ton sommeil.
Tout ton corps dormait chaste sur l’humble lit,
Et j’ai vu, comme un qui s’applique et qui lit,
Ah ! j’ai vu que tout est vain sous le soleil !

Qu’on vive, ô quelle délicate merveille,
Tant notre appareil est une fleur qui plie !
O pensée aboutissant à la folie !
Va, pauvre, dors ! moi, l’effroi pour toi m’éveille.

Ah ! misère de t’aimer, mon frêle amour
Qui vas respirant comme on respire un jour !

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Les choses qui chantent dans la tête
Alors que la mémoire est absente,
Ecoutez, c’est notre sang qui chante…
O musique lointaine et discrète !

Ecoutez ! c’est notre sang qui pleure
Alors que notre âme s’est enfuie,
D’une voix jusqu’alors inouïe
Et qui va se taire tout à l’heure.

Frère du sang de la vigne rose,
Frère du vin de la veine noire,

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