Poésie Emile Verhaeren

Les heures du soir

Lorsque ta main confie, un soir des mois torpides,
Au cellier odorant les fruits de ton verger,
Il me semble te voir avec calme ranger
Nos anciens souvenirs parfumés et sapides.

Et le goût m’en revient tel qu’il passa jadis
Dans l’or et le soleil et le vent – sur mes lèvres ;
Et je revis alors mille instants abolis
Et leur joie et leur rire et leurs cris et leurs fièvres.

Le passé ressuscite avec un tel désir
D’être encor le présent et sa vie et sa force,

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Les menus faits, les mille riens, Une lettre, une date, un humble anniversaire, Un mot que l'on redit comme aux jours de naguère Exalte en ces longs soirs ton coeur comme le mien.

Le soir tombe, la lune est d'or. Avant la fin de la journée Va-t'en gaîment jusqu'au jardin Cueillir avec tes douces mains Les quelques fleurs qui n'y sont point encor Tristement, vers la terre, inclinées.

Hélas ! les temps sont loin des phlox incarnadins Et des roses d'orgeuil illuminant ses portes, Mais, si fané soit-il et si flétri – qu'importe ! – Je l'aime encor de tout mon coeur, notre jardin.

En ce rugueux hiver où le soleil flottant S'échoue à l'horizon comme une lourde épave, J'aime à dire ton nom au timbre lent et grave Quand l'horloge résonne aux coups profonds du temps.

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