Écoutez, je suis Jean ! « Écoutez, je suis Jean. J’ai vu des choses sombres.J’ai vu l’ombre infinie où se perdent les nombres.J’ai vu les visions que les réprouvés fonts ;J’ai vu le ciel, l’éther, le chaos et l’espace.Vivant ! Puisque j’en viens, je sais ce qui se passe ;Je vous affirme à tous, écoutez…
Nous marchions dans le sable Ocre rose du temps Mus par l’ardent désir D’enfin nous arrêter Mais cruelles les heures Sur le cadran des jours Ne voulant rien entendre Hurlaient à nos oreilles D’une voix de crécelle L’ordre d’avancer Et nous obéissions Nous rêvions de repos
Je vois couler dans ton coeur Du baume léger que tu me destines Un fluide apaisant Pour mes vieilles blessures Et dans tes grands yeux Des gouttes de pluie Descendant indécises Jusqu’à ton menton Et que tu recueilles Pour qu’elles cicatrisent
L’amour ne perdure Qu’à la seule condition De conserver le coeur En perdant la raison Il convient donc dit-il De mourir en partie Préservant l’autre pour La maintenir en vie Il suffirait d’un revolver
Pour effleurer des doigts L’inaccessible étoile Il tend les bras au ciel Comme s’il parlait aux dieux Mais l’ombre est impalpable Et l’espoir est brumeux
D’une fente du ciel J’ai vu surgir Une étoile nouvelle Pourvue de deux ailes Au cadran de mon coeur
Les bruits de l’âme Donnent au coeur Des pigments purs De vraies couleurs Que la bouche traduit En mots par erreur
Elle montre du doigt La ligne d’horizon Trouée par la brume De nos désillusions Mais qui sépare encore Le ciel et l’océan Le vent se faufile
La vie chemine et tout est sans retour Il soufflera des vents nouveaux D’autres pluies tomberont Des printemps peu semblables A ceux du passé Se succéderont La vie chemine et tout est sans retour
Aucun mot ne dira Ni le goût d’une orange Ni la chaleur du feu Qui incendie le coeur Ni le prix d’un aveu Ni la durée du temps Au passage des heures A l’ombre du cadran