Emil Cioran, histoire et biographie de Cioran

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Né le 8 avril 1911 à Rãsinari, Emil Cioran est un philosophe et écrivain Roumain. Il est mort le 20 juin 1995 à Paris. À ses débuts, ses œuvres étaient essentiellement écrites en langue roumaine, mais à partir de 1949, trois ans après avoir été chassé de son pays natal, il commença à écrire en français. Malgré qu’il ait passé une grande partie de sa vie en France, il n’a jamais demandé la nationalité française.

Famille et enfance

Alors que son père était pope orthodoxe, sa mère était athée. Cela n’empêchait pas la famille à mener une vie heureuse à Rãsinari. Emil était très couvé par ses parents. Lorsque la famille déménage à Sibiu, il a eu du mal à s’adapter à cette nouvelle ville. En effet, contrairement à sa petite ville natale qui couvait elle-aussi ses habitants, Sibiu lui semblait cruel et le mépris qu’affichaient les écoliers envers lui ne l’a pas aidé. À cela, on rajoute ses relations difficiles avec sa mère et les insomnies qui l’ont tourmenté au cours de sa jeunesse. Toutes ces situations ont fait de lui un homme pessimiste qui gardait une idée fixe en tête : le suicide.

Lorsqu’il naît en 1911, Rãsinari était une ville de Transylvanie qui était rattachée à l’Autriche-Hongrie. En 1918, alors qu’Emil était âgé de sept ans, la Transylvanie intègre la Roumanie.

Quelques liens

Éducation

À 17 ans, Emil est inscrit à l’université de Bucarest pour faire des études de philosophie. Il s’est surtout intéressé à Nietzsche, mais a aussi étudié Schopenhauer et Kant. En 1932, il obtient sa licence. Il commença alors une thèse sur Bergson avant de réfuter tous ses préceptes philosophiques. Selon lui, ce philosophe sur lequel porte sa thèse n’a rien compris de la tragédie de la vie. En 1933, une bourse d’études lui permet de s’inscrire à l’université de Berlin où il séjourna pendant deux ans avant de rentrer en Roumanie.

Son premier ouvrage intitulé Sur les cimes du désespoir est publié alors qu’il n’avait que 22 ans. Malgré son jeune âge, il lui permit de s’inscrire au panthéon des grands écrivains roumains.

De retour dans son pays, il travaille en tant que professeur de philosophie au lycée Andrei-Saguna de Brasov.

Emil Cioran

Emil Cioran

Le mouvement antisémite

Emil Cioran a été un spectateur de l’ascension du mouvement antisémite et fascisant de la Garde de fer. Cela a donné naissance à une forme de guerre civile en Roumanie. Ses écrits affichèrent une influence de la Garde de fer qui prônait pour les anciennes traditions roumaines et affichait un double visage : très chrétien d’un côté et laïc démocrate de l’autre. L’ouvrage intitulé La Transfiguration de la Roumanie, publié en 1936 raconte cette période. Un an plus tard sort son troisième ouvrage, Des larmes et des saints, un livre qui a fait scandale dans tout le pays. Lors de sa traduction française, quelques passages ont été retirés de l’ouvrage.

Son arrivée en France

Le philosophe arrive en France à la fin de l’année 1937 en tant que boursier de l’Institut français de Bucarest. À partir de là, il a totalement commencé une nouvelle vie française puisque n’a jamais pu rentrer en Roumanie.

En effet, après son arrivée en France, le roi Caroll II a d’abord mis en place un régime autoritaire pour dissoudre la Garde de fer. Un coup d’État, orchestré par l’Allemagne nazie, survient toutefois en octobre 1940 après l’effondrement de la France qui a retiré sa protection à la Roumanie. L’Allemagne met la Garde de fer au pouvoir et le maréchal Antonescu s’auto-proclame « Pétain roumain ». À partir de là, la France et la Roumanie s’allient de nouveau dans le camp de l’Axe. Cette nouvelle alliance permit à Emil Cioran de garder sa bourse et de terminer sa thèse sur Bergson à Paris. Une fois sa soutenance terminée, il obtient le poste d’attaché culturel à l’ambassade de Roumanie en France. Il refusait toutefois toute participation, de près ou de loin, aux persécutions des régimes fascistes et bien qu’il travaillait en France, il délaisse toutes ses idéologies, démissionne de son poste et décide de se consacrer entièrement à l’écriture.

Après que les communistes se sont emparés du pouvoir en Roumanie, après la deuxième guerre mondiale, ses livres ont été interdits dans son pays et Emil Cioran finit par rester définitivement à Paris.

Il y a mené une vie assez pauvre et a commencé à écrire en français. Il a également traduit des poèmes de Stéphane Mallarmé en langue roumaine. Dans son cercle d’amis, on retrouvait Eugène Ionesco, Samuel Beckett, Gabriel Marcel, Mircea Eliade, Henri Michaux et Mircea Eliade. En ce qui concerne ses lecteurs, ils étaient peu nombreux, mais très fervents.

Lorsque l’Académie française lui a décerné le prix Morand, Emil Cioran l’a décliné. Il faut savoir que malgré le succès qui frappait à sa porte, l’écrivain y a vu une forme de déchéance.

À la fin de la guerre, il a totalement abandonné sa langue maternelle en faveur du français.

Ses œuvres

Une grande majorité de ses œuvres se composait de recueils d’aphorismes où l’humour et l’ascétisme prédominaient. Il a par la suite abandonné ce style pour publier des œuvres remplies de pessimisme, de scepticisme et de désillusion.

Son œuvre la plus marquante a été publiée en 1973 sous le titre De l’inconvénient d’être né. Son dernier ouvrage intitulé Aveux et anathèmes, quant à lui, date de 1987.

Bien qu’il ait toujours pensé au suicide, il n’aura jamais le temps de mettre son plan à exécution puisque la maladie d’Alzheimer a été plus rapide que lui. Celle-ci l’emporta en 1995.

Les pensées d’Emil Cioran

Emil Cioran refusait tout système philosophique et son scepticisme se ressentait dans chacune de ses œuvres. Même si le suicide a toujours été au centre de ses attentions et malgré le côté sombre de ses écrits, il était un homme gai qui recommandait le suicide par écrit, mais jamais à l’oral. Il déclarait même, par moment, que la vie était plus forte que la mort ce qui contredit sa pensée.

Autres sujets qui le fascinaient :

  • l’esthétique qu’il traduisait dans une grande attention de l’écriture, de son style et de son goût prononcé pour la prose et les aphorismes. L’esthétisme lui ouvrit la porte de la poésie
  • l’ascétisme : décidé à ne vivre que pour l’écriture, Cioran a vécu dans la misère. Jusqu’aux alentours de 40 ans, il a reçu des aides lui permettant de prendre ses repas au restaurant universitaire avant d’en être exclu. Il refusa également tous les prix littéraires qu’on lui a attribués à part le Prix Rivarol qu’il accepta en 1949. Pour expliquer ce geste, il a avoué qu’à cette époque il était fauché et ce prix lui a permis d’éviter à mendier, un métier dont il ne connaissait pas les ficelles expliqua-t-il

Le mythe Cioran

Dans ses livres et sur ses portraits, on retrouvait toujours un Emil Cioran désespéré et solitaire. Il ne s’agit toutefois que d’un mythe qu’il a cultivé autour de son personnage pour faire correspondre son discours avec ses écrits.

Durant toute son existence, il a toujours gardé secret sa vie amoureuse, la seule part de bonheur qu’il qualifiait ne pas être adaptée aux livres.

Emil Cioran & Simone Boué

Emil Cioran et simone boue

Quelques œuvres

Certaines de ses œuvres ont été signées sous le nom de « E. M. Cioran ». Le philosophe a laissé un riche héritage au monde littéraire et outre ses ouvrages publiés de son vivant, une série de manuscrits a été découverte suite à la mort de Simone Boué. La série se composait d’environ 30 cahiers écrits par Cioran. Ce sont ceux qu’il a écrits après 1972, année où s’arrête l’ouvrage Cahiers. Parmi ses œuvres publiées et écrits à l’origine en roumain, on peut citer :

  • Sur les cimes du désespoir en 1934
  • Le livre des leurres en 1936
  • Transfiguration de la Roumanie en 1936
  • Des larmes et des saints en 1937
  • Le crépuscule des pensées en 1940
  • De la France en 1941
  • Bréviaire des vaincus en 1944

Après ce dernier ouvrage, tous ses écrits sont parus en français tels que :

  • Syllogismes de l’amertume en 1952
  • Histoire et Utopie en 1960
  • Le mauvais Démiurge en 1969
  • De l’inconvénient d’être né en 1973
  • Ebauches de vertige en 1979
  • Exercices d’admiration en 1986
  • L’ami lointain : Paris, Bucarest en 1991
  • Cahiers 1957-1972 en 1997
  • Solitude et destin en 2004
  • Lettres à Armel Guerne 1961-1978 en 2011



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