Je crois, folle, que tout l’automne

Dans  Petits poèmes d'automne,  Poésies Stuart Merrill
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Je crois, folle, que tout l’automne
     Dort en tes yeux, et ta voix,
Las ! se lamente monotone
Comme le vent lent dans les bois.

 


Tes cheveux sont couleur des feuilles
     Qui vont mourir, et tes mains
Semblent flétrir, que tu le veuilles
Ou non, les fleurs des lendemains.

Aussi t’aimais-je pour le rêve
     Lamentable de tes yeux
Et ta voix qui fut la voix d’Eve
Pleurant les aubes d’anciens cieux ;

Et surtout pour ta chevelure
     Qui fut mou léger linceul,
Et tes mains à douce brûlure
Lors des baisers de seule à seul.

Mais tu ne sus charmer mon âme,
     Dont le Sauveur ait merci !
Car elle est de souffle et de flamme
Et pure de l’impur souci.

Me voici, féal à mon glaive,
     De nouveau sous le soleil,
Et ces nuits d’amour sont le rêve,
N’est-ce pas ? d’un mauvais sommeil.

Je vais vers des pays où tonne
     Le combat des demi-dieux…
Ah ! folle, folle, tout l’automne
Ne dormait-il pas en tes yeux ?

 



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