Un crêpe au bras

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L’an dernier, je les vis encor
Le petit frère aimable et rose
Dans sa tunique à boutons d’or
Avec sa soeur que la chlorose

Emportait – oh ! bien doucement –
Vers la tombe muette et blanche.
Je les vis en me promenant
Sur le boulevard, le dimanche

Suivis de leur père, un monsieur
A barbiche, un vieux militaire,


Qui portait la légion d’honneur
En ruban à la boutonnière.

Ils s’en allaient à petits pas
Tous les deux, dans l’allée ombreuse,
La fillette appuyant son bras
Maigriot et sa main fièvreuse

Sur le bras droit du garçonnet
Qui, tirant deux sous de sa poche,
Allait lui chercher un bouquet
A la marchande la plus proche.

Et le père aux cheveux tout gris
Fumait tristement son cigare
Sous les grands marronniers fleuris
Ecoutant le concert bizarre

Des petits pierrots batailleurs
Quand la petite était trop lasse
Vite, il prenait un des meilleurs
Bancs pour elle, sur la grand’place

Et pas trop tard, avant la nuit,
Tous regagnaient leur domicile
Sans étalage, ni sans bruit,
Au travers du bruit de la ville.

Maintenant on peut les revoir
Ils sont deux. Dans la tombe blanche
La soeur dort. Un long crêpe noir
Un crêpe est cousu sur la manche

De la tunique à boutons d’or
Du petit frère aimable et rose
Et le père est plus triste encor
Dans sa redingote morose.

 

Poèmes

Gaston Couté

Un crêpe au bras Poèmes Poésie Gaston Couté

 Poésie Gaston Couté - Poèmes - Un crêpe au bras -  L'an dernier, je les vis encor Le petit frère aimable et rose


Un crêpe au bras

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L’an dernier, je les vis encor
Le petit frère aimable et rose
Dans sa tunique à boutons d’or
Avec sa soeur que la chlorose

Emportait – oh ! bien doucement –
Vers la tombe muette et blanche.
Je les vis en me promenant
Sur le boulevard, le dimanche

Suivis de leur père, un monsieur
A barbiche, un vieux militaire,


Qui portait la légion d’honneur
En ruban à la boutonnière.

Ils s’en allaient à petits pas
Tous les deux, dans l’allée ombreuse,
La fillette appuyant son bras
Maigriot et sa main fièvreuse

Sur le bras droit du garçonnet
Qui, tirant deux sous de sa poche,
Allait lui chercher un bouquet
A la marchande la plus proche.

Et le père aux cheveux tout gris
Fumait tristement son cigare
Sous les grands marronniers fleuris
Ecoutant le concert bizarre

Des petits pierrots batailleurs
Quand la petite était trop lasse
Vite, il prenait un des meilleurs
Bancs pour elle, sur la grand’place

Et pas trop tard, avant la nuit,
Tous regagnaient leur domicile
Sans étalage, ni sans bruit,
Au travers du bruit de la ville.

Maintenant on peut les revoir
Ils sont deux. Dans la tombe blanche
La soeur dort. Un long crêpe noir
Un crêpe est cousu sur la manche

De la tunique à boutons d’or
Du petit frère aimable et rose
Et le père est plus triste encor
Dans sa redingote morose.

 

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