Sur le ballet du Roi

Dans  Poésie Théophile de Viau,  Œuvres poétiques
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Je ne suis point industrieux

Comme ce forgeron des dieux,

Dont les subtilités nuisibles

Pour un chef-d’oeuvre de son art,

Dessous des filets invisibles

Firent voir qu’il était cornard.

Cet infâme aux creux étnéans

Dessus les tombeaux des Géants,

Enivré de souffre et de flamme,


Forgeait des armes pour autrui,

Cependant que Mars et sa femme

Faisait des forgerons pour lui.

Je suis un forgeron nouveau,

Qui sans enclume et sans marteau

Forge un tonnerre à ma parole,

Et du seul regard de mes yeux,

Fais partir un éclair qui vole,

Plus puissant que celui des cieux.

Les plus rebelles des humains,

Subjugués des traits de mes mains,

Ont fait émerveiller l’Europe,

Et Vulcain avoue aisément

De n’avoir jamais vu Cyclope

Battre le fer si rudement.

Le dard qu’amour me fait forger,

Sans déplaisir et sans danger,

Pénètre au fond de la pensée,

Et la dame qu’il veut toucher

En est si doucement blessée,

Qu’elle n’en peut haïr l’archer.

Mais les flèches de mon courroux,

Fatales qu’elles sont à tous,

Font trembler le dieu de la guerre,

Et rien ne l’a fait habiter

Dans un ciel si loin de la terre

Que le soin de les éviter.

Œuvres poétiques
Théophile de Viau

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