Si je commande à mon oeil

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Si je commande à mon Œil,
Qu’il ferme sa double porte :
Pour ne voir plus le Soleil
Dont la Beauté me transporte :



Mon Œil prompt obéissant
Sous la fidèle paupière,
Fuit l’éclair éblouissant
De cette vive Lumière.
 
Si pour demander secours
Ma langue vers vous s’avance,
Me fâchant de son Discours
Je la retiens en Silence.
 
Si pour n’ouïr plus le Son,
De votre Voix nonpareille,
Qui captive ma Raison,
Je me plains de mon Oreille :
 
Mon Oreille plus n’entend
Votre divine Éloquence,
Mais imite du Serpent,
La cauteleuse prudence.
 
Si je défends à ma Main
De publier mon martyre,
Ma Main arrête soudain,
Refusant de vous écrire.
 
Si je défends à mes Pieds
De rechercher votre Grâce,
Mes Pieds demeurent liés
Sans se mouvoir d’une place.
 
Mais un rebelle Penser
Que votre Beauté entame,
Désireux de m’offenser
Vous fait entrer en mon Âme.
 
Ce Penser qui est blessé,
Trahissant ceux de sa bande,
Guide le coup adressé
Vers celle qui leur commande.



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