Mon royaume est plein de cavalcades

Dans  Petits poèmes d'automne,  Poésies Stuart Merrill
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Mon royaume est plein de cavalcades
Caracolant vers des plaines d’or
Aux fanfares magiques d’un cor
Qui décèlera les embuscades.

Vers l’Occident surgissent, vermeils,
Les pinacles de la Cité sainte,
Où dix mille étendards, sur l’enceinte,
S’empourprèrent du sang des soleils.


Tôt tonneront, avec les cymbales,
Les tympanons des Barbares noirs,
Signal de la bataille des soirs
Qui cabrera les pâles cavales.

Les haches heurteront de l’estoc,
Les casques incrustés d’escarboucles,
D’où s’écrouleront, rouges, les boucles
Des Païens rebroussés sous le choc.

Et leur Prince, sonnant les alarmes,
S’échouera dans les flaques de sang
Aux foudres du cor retentissant
Par-dessus le vacarme des armes.

Je tordrai dans mon poing les cheveux
Des folles qui pleurent sous les tentes
La déroute des hordes chantantes
Dont elles assouvissaient les vœux.

Que l’on danse d’amour devant l’Arche
Qui nous mène, au rire des clairons,
Vers la rive où, doux, nous puiserons
L’oubli de la lutte et de la marche !

Je vous livre tout l’or du Trésor,
O vous de la croisade des rêves,
Et les gemmes frivoles des grèves
D’où la tarasque prend son essor.

Car seul dans le temple du Silence
Où mourra la voix de vos adieux,
Je veux ravir, comparable aux dieux,
La Coupe, la Couronne et la Lance.

Petits poèmes d’automne
Stuart Merrill

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