Les Bottines

Dans  Les Amoureuses
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Les Bottines

Les Bottines, un poème du recueil de poésie Les amoureuses par Alphonse Daudet

…Ce bruit charmant des talons qui

résonnent sur le parquet: clic ! clac ! est

le plus joli thème pour un rondeau.

GŒTHE, Wilhelm Meister.

I

Moitié chevreau, moitié satin,

Quand elles courent par la chambre,

Clic ! clac !

Il faut voir de quel air mutin

Leur fine semelle se cambre.

Clic ! Clac !

Sous de minces boucles d’argent,

Toujours trottant, jamais oisives,

Clic ! clac !

Elles ont l’air intelligent

De deux petites souris vives.

Clic ! clac !

Elles ont le marcher d’un roi,

Les élégances d’un Clitandre,

Clic ! clac !

Par là-dessus, je ne sais quoi

De fou, de railleur et de tendre.

Clic ! clac !

II

En hiver au coin d’un bon feu,

Quand le sarment pétille et flambe,

Clic ! clac !

Elles aiment à rire un peu,

En laissant voir un bout de jambe.

Clic ! clac !

Mais quoique assez lestes, – au fond,

Elles ne sont pas libertines,

Clic ! clac !

Et ne feraient pas ce que font

La plupart des autres bottines.

Clic ! clac !

Jamais on ne nous trouvera,

Dansant des polkas buissonnières,

Clic ! clac !

Au bal masqué de l’Opéra,

Ou dans le casion d’Asnières.

Clic ! clac !

C’est tout au plus si nous allons,

Deux fois par mois, avec décence,

Clic ! clac !

Nous trémousser dans les salons

Des bottines de connaissance.

Clic ! clac !

Puis quand nous avons bien trotté,

Le soir nous faisons nos prières,

Clic ! clac !

Avec toute la gravité

De deux petites sœurs tourières.

Clic ! clac !

III

Maintenant, dire où j’ai connu

Ces merveilles de miniature,

Clic ! clac !

Le premier chroniqueur venu

Vous en contera l’aventure.

Clic ! clac !

Je vous avouerai cependant

Que souventes fois il m’arrive,

Clic ! clac !

De verser, en les regardant,

Une grosse larme furtive.

Clic ! clac !

Je songe que tout doit finir,

Même un poème d’humoriste,

Clic ! clac !

Et qu’un jour prochain peut venir

Où je serai bien seul, bien triste,

Clic ! clac !

Lorsque, – pour une fois,

Mes oiseaux prenant leur volée,

Clic ! clac !

De loin, sur l’escalier de bois,

J’entendrai, l’âme désolée:

Clic ! clac !

Les Bottines, un poème du recueil de poésie Les amoureuses par Alphonse Daudet

Poésies et poèmes français
Alphonse Daudet est un contemporain de François-René de Chateaubriand, Charles Dickens, Guy de Maupassant, Gustave Flaubert,
Victor Hugo, Alphonse de Lamartine, Stéphane Mallarmé, Prosper Mérimée,
Edgar Allan Poe, Arthur Rimbaud, Léon Tolstoï, Jules Verne, Émile Zola
Citation et citations,Citation Alphonse Daudet

Les amoureuses Une poésie d’Alphonse Daudet



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