Le Cid ACTE V Scène II

Dans  Le Cid de Pierre Corneille
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Le Cid ACTE V Scène II

L’infante

T’écouterai-je encor, respect de ma naissance,

——Qui fais un crime de mes feux ?

T’écouterai-je, amour, dont la douce puissance

Contre ce fier tyran fait révolter mes vœux ?

——Pauvre princesse, auquel des deux

——Dois-tu prêter obéissance ?

Rodrigue, ta valeur te rend digne de moi;

Mais, pour être vaillant, tu n’es pas fils de roi.

Impitoyable sort, dont la rigueur sépare

——Ma gloire d’avec mes désirs,

Est-il dit que le choix d’une vertu si rare

Coûte à ma passion de si grands déplaisirs ?

——Ô cieux ! à combien de soupirs

——Faut-il que mon cœur se prépare,

Si jamais il n’obtient sur un si long tourment

Ni d’éteindre l’amour, ni d’accepter l’amant ?

Mais c’est trop de scrupule, et ma raison s’étonne

——Du mépris d’un si digne choix:

Bien qu’aux monarques seuls ma naissance me donne,

Rodrigue, avec honneur je vivrai sous tes lois.

——Après avoir vaincu deux rois,

——Pourrais-tu manquer de couronne ?

Et ce grand nom de Cid que tu viens de gagner

Ne fait-il pas trop voir sur qui tu dois régner ?

Il est digne de moi, mais il est à Chimène;

——Le don que j’en ai fait me nuit.

Entre eux la mort d’un père a si peu mis de haine,

Que le devoir du sang à regret le poursuit:

——Ainsi n’espérons aucun fruit

——De son crime, ni de ma peine,

Puisque pour me punir le destin a permis

Que l’amour dure même entre deux ennemis.

Le Cid ACTE V Scène II

L’infante

La pièce de Théâtre Le Cid par Pierre Corneille.



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