L’Ange Roux

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A peine sorti de ce rêve agité, je sens encore sa présence.Cet ange roux au teint si pâle, me donne l’impression d’être épié,

comme-ci elle ne me quittait jamais. Elle était si proche de moi, que je pouvais sentir son inspiration

et son expiration étranges et glacés sur mon cou.
A chaque fois que je ferme les yeux, je perçois la douceur de ces lèvres

qui répandent une saveur particulière sur mon corps. Mon sommeil interrompu,

une brise légère venant de la fenêtre, exhalait l’odeur de cette femme si mystérieuse, si attirante.
J’essayai d’atteindre ma lampe de chevet, une main ferme, féminine me stoppa dans mon élan.
J’inspirai de froideur, du plus profond de moi même, quand une odeur pénétrante

me transperça l’esprit et le corps. Sa longue chevelure rousse et sauvage

me confirma son identité. Depuis quelques mois, mes parents avaient engagé une professeur afin de me donner des cours particuliers, en langues étrangères.
Sa physionomie ne pouvait me laisser indifférente …
Je rêvais nuit et jour de sa peau cadavérique, de ses gestes insignifiants mais pourtant étranges.
C’était bien elle, que je distinguais dans la pénombre de ma chambre.
Il ne me fallait qu’un seule regard d’elle, pour m’arracher la raison.

D’un instinct quasi animal et d’une agilité de chat, elle se jeta sur moi et m’immobilisa.

Je sentais sa poitrine souffler sur ma peau, glissant sur mes mots.

L’essence divine de son corps parcourait mon esprit, quand brutalement la colère

d’une douce morsure me surprit. C’est là, que la démence de mon âme s’écrie …
Je ne connaissais pas les limites de cette sublime créature, mais je connaissais les miennes.
Je sentais mon sang s’évaporer vers d’autre cieux et pourtant je ne pouvais résister.

Par la fenêtre, la brume se dissipait sous la neige, le velours du brouillard me devenait étranger,

seule mon cœur était embuée, tout devint flou devant moi.
Lentement, je dépérissais, quand l’ange me regarda tristement, s’arrêta en une fraction de seconde,

déposant un léger baiser sur mes lèvres sèches.
Vertige s’empare de mon souffle, devant la beauté dont cette femme m’accable.
Sa disparition se fit sous un battement de cil, la circulation de mon sang s’est arrêtée car

c’est dans sa bouche qu’il a préféré couler. Malgré la mort, les flocons flottent encore …

” Mon sang ne circule plus dans mon corps
Mais coule sur le sien … ”
Kate, Fairbanks.



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