Poésie René-François Sully Prudhomme

Textes poétiques

Un oiseau solitaire aux bizarres couleurs
Est venu se poser sur une enfant ; mais elle,
Arrachant son plumage où le prisme étincelle,
De toute sa parure elle fait des douleurs ;

Et le duvet moelleux, plein d’intimes chaleurs,
Épars, flotte au doux vent d’une bouche cruelle.
Or l’oiseau, c’est mon coeur ; l’enfant coupable est celle,
Celle dont je ne puis dire le nom sans pleurs.

Ce jeu l’amuse, et moi j’en meurs, et j’ai la peine
De voir dans le ciel vide errer sous son haleine

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On a bâti là, plus réel
Que l’échelle du patriarche,
Un escalier dont chaque marche
Est vraiment un pas vers le ciel.

Dans la nature tout entière
L’architecte prit à son gré
Pour cet édifice sacré
La plus glorieuse matière :

Il prit des marbres sans rivaux,
Fragments de ces pierres illustres

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Les étoiles au loin brillent silencieuses,
Au fond d’un ciel sans lune, éclatantes ce soir,
Comme dans leur écrin les pierres précieuses
Semblent de plus belle eau sur un velours plus noir.

L’âme, simple autrefois, vers le ciel élancée,
Par l’extase et l’espoir les atteignait là-haut;
Elle en pouvait jouir, comme une fiancée
Choisit les diamants qui l’orneront bientôt.

Mais, en les contemplant, l’âme aujourd’hui soupire:
De ces feux qu’elle observe elle n’attend plus rien;

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Stances et poèmes

Je rêve, et la pâle rosée
Dans les plaines perle sans bruit,
Sur le duvet des fleurs posée
Par la main fraîche de la nuit.

D’où viennent ces tremblantes gouttes ?
Il ne pleut pas, le temps est clair ;
C’est qu’avant de se former, toutes,
Elles étaient déjà dans l’air.

D’où viennent mes pleurs ? Toute flamme,
Ce soir, est douce au fond des cieux ;

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Je voudrais, les prunelles closes,
Oublier, renaître, et jouir
De la nouveauté, fleur des choses,
Que l’àge fait évanouir.

Je resaluerais la lumière,
Mais je déplierais lentement
Mon âme vierge et ma paupière
Pour savourer l’étonnement ;

Et je devinerais moi-même
Les secrets que nous apprenons ;

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Ce beau printemps qui vient de naître
A peine goûté va finir ;
Nul de nous n’en fera connaître
La grâce aux peuples à venir.

Nous n’osons plus parler des roses :
Quand nous les chantons, on en rit ;
Car des plus adorables choses
Le culte est si vieux qu’il périt.

Les premiers amants de la terre
Ont célébré Mai sans retour,

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Il pleut. J’entends le bruit égal des eaux ;
Le feuillage, humble et que nul vent ne berce,
Se penche et brille en pleurant sous l’averse ;
Le deuil de l’air afflige les oiseaux.

La bourbe monte et trouble la fontaine,
Et le sentier montre à nu ses cailloux.
Le sable fume, embaume et devient roux ;
L’onde à grands flots le sillonne et l’entraîne.

Tout l’horizon n’est qu’un blême rideau ;
La vitre tinte et ruisselle de gouttes ;

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Elle est si douce, la pensée,
Qu’il faut, pour en sentir l’attrait,
D’une vision commencée
S’éveiller tout à coup distrait.

Le coeur dépouillé la réclame ;
Il ne la fait point revenir,
Et cependant elle est dans l’âme,
Et l’on mourrait pour la finir.

A quoi pensais-je tout à l’heure ?
A quel beau songe évanoui

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Montez, montez, oiseaux, à la fange rebelles,
Du poids fatal les seuls vainqueurs !
A vous le jour sans ombre et l’air, à vous les ailes
Qui font planer les yeux aussi haut que les coeurs !

Des plus parfaits vivants qu’ait formés la nature,
Lequel plus aisément plane sur les forêts,
Voit mieux se dérouler leurs vagues de verdure,
Suit mieux des quatre vents la céleste aventure,
Et regarde sans peur le soleil d’aussi près ?
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