Odes

Je l’aimais par dessein la connaissant volage,
Pour retirer mon coeur d’un lien fort dangereux,
Aussi que je voulais n’être plus amoureux
En lieu que le profit n’avançât le dommage.

Je durais quatre mois avec grand avantage,
Goûtant tous les plaisirs d’un amant bienheureux,
Mais en ces plus beaux jours, ô destins rigoureux,
Le devoir me força de faire un long voyage.

Nous pleurâmes tous deux, puis quand je fus parti,
Son coeur naguère mien fut ailleurs diverti,

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De mes ans la fleur se déteint,
J’ai l’oeil cave et pâle le teint,
Ma prunelle est toute éblouie,
De gris-blanc ma tête se peint,
Et n’ai plus si bonne l’ouïe.

Ma vigueur peu à peu se fond,
Maint sillon replisse mon front,
Le sang ne bout plus dans mes veines,
Comme un trait mes beaux jours s’en vont,
Me laissant faible entre les peines.
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Cependant que l’honnêteté
Retenait ta jeune beauté
Empreinte au plus vif de mon âme,
Quand je sentais brûler mon coeur,
Je me plaisais en ma langueur,
Et nommais heureuse ma flamme.

Les filets de tes blonds cheveux,
Primes, frisés, retors en noeuds,
De cent mille façons nouvelles
Serraient tellement mes esprits

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