Poésie Jean-Pierre Claris de Florian

Les Fables Livre 5

Je veux me corriger, je veux changer de vie, Me disait un ami : dans des liens honteux Mon âme s'est trop avilie ; J'ai cherché le plaisir, guidé par la folie, Et mon coeur n'a trouvé que le remords affreux. C'en est fait, je renonce à l'indigne maîtresse Que j'adorai toujours sans jamais l'estimer…

Les sots sont un peuple nombreux, Trouvant toutes choses faciles : Il faut le leur passer, souvent ils sont heureux ; Grand motif de se croire habiles. Un âne, en broutant ses chardons, Regardait un pasteur jouant, sous le feuillage, D'une flûte dont les doux sons Attiraient et charmaient les bergers du bocage.

Une colombe gémissait De ne pouvoir devenir mère : Elle avait fait cent fois tout ce qu'il fallait faire Pour en venir à bout, rien ne réussissait. Un jour, se promenant dans un bois solitaire, Elle rencontre en un vieux nid Un oeuf abandonné, point trop gros, point petit, Semblable aux oeufs de tourterelle. Ah…

Sur les bords africains, aux lieux inhabités Où le char du soleil roule en brûlant la terre, Deux énormes lions, de la soif tourmentés, Arrivèrent au pied d'un rocher solitaire. Un filet d'eau coulait, faible et dernier effort De quelque naïade expirante. Les deux lions courent d'abord Au bruit de cette eau murmurante. Ils pouvaient…

À M. l'abbé Delille. Ô toi, dont la touchante et sublime harmonie Charme toujours l'oreille en attachant le coeur, Digne rival, souvent vainqueur, Du chantre fameux d'Ausonie, Delille, ne crains rien, sur mes légers pipeaux Je ne viens point ici célébrer tes travaux, Ni dans de faibles vers parler de poésie.

Les Fables Livre 4

Partir avant le jour, à tâtons, sans voir goutte,
Sans songer seulement à demander sa route,
Aller de chute en chute, et, se traînant ainsi,
Faire un tiers du chemin jusqu’à près de midi ;
Voir sur sa tête alors amasser les nuages,
Dans un sable mouvant précipiter ses pas,
Courir, en essuyant orages sur orages,
Vers un but incertain où l’on n’arrive pas ;
Détrompé vers le soir chercher une retraite,
Arriver haletant, se coucher, s’endormir :
On appelle cela naître, vivre, et mourir.
La volonté de Dieu soit faite.

 

Les Fables Livre 4

Jean-Pierre Claris de Florian

Contraint de renoncer à la chevalerie,
Don Quichotte voulut, pour se dédommager,
Mener une plus douce vie,
Et choisit l’état de berger.
Le voilà donc qui prend panetière et houlette,
Le petit chapeau rond garni d’un ruban vert
Sous le menton faisant rosette.
Jugez de la grâce et de l’air
De ce nouveau Tircis ! Sur sa rauque musette
Il s’essaie à charmer l’écho de ces cantons,

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Une jeune guenon cueillit
Une noix dans sa coque verte ;
Elle y porte la dent, fait la grimace… ah ! Certes,
Dit-elle, ma mère mentit
Quand elle m’assura que les noix étaient bonnes.
Puis, croyez aux discours de ces vieilles personnes
Qui trompent la jeunesse ! Au diable soit le fruit !
Elle jette la noix. Un singe la ramasse,
Vite entre deux cailloux la casse,
L’épluche, la mange, et lui dit :

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Guillot, disait un jour Lucas
D’une voix triste et lamentable,
Ne vois-tu pas venir là-bas
Ce gros nuage noir ? C’est la marque effroyable
Du plus grand des malheurs. Pourquoi ? Répond Guillot.
– pourquoi ? Regarde donc : ou je ne suis qu’un sot,
Ou ce nuage est de la grêle
Qui va tout abîmer, vigne, avoine, froment ;
Toute la récolte nouvelle
Sera détruite en un moment.

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Dans le beau siècle d’or, quand les premiers humains,
Au milieu d’une paix profonde,
Coulaient des jours purs et sereins,
La vérité courait le monde
Avec son miroir dans les mains.
Chacun s’y regardait, et le miroir sincère
Retraçait à chacun son plus secret désir
Sans jamais le faire rougir ;
Temps heureux, qui ne dura guère !
L’homme devint bientôt méchant et criminel.

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