Les Stances Livre 2

De ce tardif avril, rameaux, verte lumière, Lorsque vous frissonnez, Je songe aux amoureux, je songe à la poussière Des morts abandonnés.

Céphise, fier torrent, j' ai l' âme encore heureuse Du jour que j' ai revu tes bords pleins de clarté ; Tu gardes dans ton lit la grâce sinueuse De ton onde tarie aux rayons de l' été.

Les branches en arceaux quand le printemps va naître, Les ronces sur le mur, le pâturage herbeux, Les sentiers de mulets, et cet homme champêtre Qui, pour fendre le sol, guide un couple de boeufs,

Chênes mystérieux, forêt de la Grésigne, Qui remplissez le gouffre et la crête des monts, J' ai vu vos clairs rameaux sous la brise bénigne Balancer doucement le ciel et ses rayons.

Ce n'est pas vers l'azur que mon esprit s'envole : Je pense à toi, plateau hanté des chevriers. Aux pétales vermeils, à la blanche corolle, Je préfère le deuil de tes genévriers.

Je viens de mal parler de toi, rose superbe ! Si ton éclat est vif, rose, tu sais pourtant, Seule dans le cristal, au milieu de la gerbe, Aussi bien que les yeux rendre le coeur content.

Toi qui prends en pitié le deuil de la nature Et qui laisses tes soeurs flatter l' éclat du jour, Fille du sombre hiver, que tu sois la parure Ou de la pâle mort ou du brillant amour,

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