La vertu par le chant

Poésies Odilon-Jean Périer

Ma ville a des chemins serrés comme des herbes
S’écoulant le long d’elle et recouvrant son corps.
Tous également purs, également superbes,
Ces fleuves bigarrés n’ont pas besoin de ports.

Chaque jour, je le crois, contient une marée
Qui grandit et m’enlève, ô lampe, à vos lueurs.
Les routes que je suis ont une destinée,
Je ne résiste pas à leur grande douceur.
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I

Muse, rappelle-toi l’enfant aux genoux maigres
que nous vîmes, gonflés de rancune et d’amour,
prendre nonchalamment le chemin du retour
sous mille arbres blessés de ses rires allègres ;

sans trop y réfléchir aux gloires de ce corps
le souvenir ajoute une Raison sereine
– et pourtant nous l’avions reconnue fort humaine
aussitôt qu’elle eût fait les gestes du remords…
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Entre deux heures du matin
et le temps
où le coeur
bat moins vite,

le jeune homme se perd, s’exalte,
et son amour est sur le monde
comme une chose dangereuse.
Ainsi le nageur qui dévoile
une âme paisible et profonde
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Ah ! ne me soyez plus, orgueil, d’aucun secours.
Cet hiver épuisant me laisse trop sincère
et j’ordonne avant tout une force sévère
à mon coeur fatigué d’inutiles détours.

Il ne me reste plus qu’un misérable amour
et le secret de l’Ange égaré sur la terre ;
mais écoute ! je sais une route légère,
j’imite Dieu avec ce rire de velours…
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Ô corps tout secoué de prochaines musiques !
Lié contre la table où pèse ton sang noir,
laisse-toi transporter d’un rire dramatique
et de honteuse ardeur embellis ton espoir.

Fils indigne de l’or natal, apôtre étrange,
je désire la mer mon patrimoine bleu ;
j’épuise tous mes cris dans les ailes d’un ange,
je tente d’acquérir la sagesse du feu.
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Muse des champs je vous rejoins.
Ouvrez votre aile, mon amie,
nous allons conquérir la pluie
et mille foudres dans les foins.

Ce minuit pâle, je l’accueille,
où le peuplier des jardins
hésite, se plie, et soudain,
pêche la lune au ras des feuilles.
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Ma chambre garde au coeur une vertu glacée ;
ce soir d’hiver je suis son plus rude ennemi.
Mais je puise une faim de victoire et de cris
dans le silence même où elle est enfoncée.

Sans peur, sans joie, avec une voix mesurée,
mûrie et nourrissante à la façon des fruits,
je dis que mon poème est heureux de la nuit.
Il se forme et il monte avec un bruit d’armée.
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Désireux de tenir l’été dans ma demeure
je tue un lièvre gras et l’emporte au cellier.
Le goût de la saison s’y cache tout entier
avec l’odeur de l’herbe et ses voix les meilleures.

Sans doute, ce trésor sera bientôt pillé
et comme des raisins les mouches violentes
naîtront dans sa fourrure aujourd’hui rayonnante.
– Mais c’est une leçon qu’on ne peut oublier.
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